France

L'air dans les cabines des avions présente-t-il un risque pour la santé ?

© StockSnap/Pixabay - Le personnel de bord et les passagers respirent-ils un air pollué ?

Une enquête pour mise en danger de la vie d'autrui et blessures involontaires a été ouverte par le tribunal judiciaire de Paris à la suite d'une plainte contre X de deux anciens pilotes de ligne, rapporte Le Parisien.

L'air qui circule dans les avions est-il contaminé, et donc potentiellement dangereux pour la santé, tant pour les membres d'équipage que pour les passagers ? C'est la question à laquelle doit répondre la justice, relaie Le Parisien. Car ce phénomène, et les doutes qui l'entourent, ne sont pas nouveaux. Appelées "syndrome aérotoxique", "smoke events" ou encore "fume events", ces fumées arrivent parfois dans un cockpit. Raison pour laquelle en 2018, deux anciens pilotes de ligne avaient porté plainte contre X avec constitution de partie civile.

Depuis, une enquête pour mise en danger de la vie d’autrui et blessures involontaires a été ouverte par des juges d’instruction du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris, détaille Le Parisien. Si aucune mise en examen n'a encore été prononcée, la Cour d'appel a examiné mercredi 27 septembre la recevabilité de cette plainte. Cependant, un élément pourrait apporter de nouvelles informations. Nos confrères ont pu consulter une expertise judiciaire riche de 63 pages. Menée par un biochimiste de l’université de Bordeaux, une professeure de médecine spécialisée en médecine du travail et un professeur de biochimie et toxicologie, elle n'exclut pas de potentielles conséquences sur la santé des professionnels de l'aéronautique.

Des molécules chimiques du même ordre que certains insecticides

Des potentiels risques ? Oui, mais de là à établir un lien avec les pathologies mises en avant et les "smoke events", les experts ne peuvent pas être formels et donner d'arguments juridiques. Il ressort tout de même de cette expertise que les émanations de fumée constatées à bord sont issues de composants présents dans les huiles mécaniques de synthèse des moteurs. Les "smoke events" seraient dus à l'usure des joints d'huile : "L’exposition qui en résulte peut être chronique au cours du fonctionnement normal du moteur ou majeure (doses plus élevées) en cas de smoke/fume/smell events. Il existe donc une exposition continue à doses variables du personnel navigant et des passagers à ces émanations en fonction des conditions de vol", constatent les experts. Mais la fréquence de ces phénomènes est difficilement quantifiable, de l'ordre de 1/2.000 vols.

Et les composants appartiendraient à des molécules chimiques du même ordre que certains insecticides, avec comme symptômes possibles : "vision floue, désorientation, maux de tête, toux, oppression thoracique pour les effets à court terme" et même des "pathologies neurodégénératives". Les facteurs varient aussi selon les personnes, notent les experts, qui avouent que les personnes contaminées peuvent l'avoir été par des composants toxiques présents ailleurs que dans ces fumées. Ils restent donc prudents, mais mettent en avant de potentiels risques, les "personnels de bord (présentant) certaines altérations de santé plus fréquemment que d’autres populations". Aujourd'hui, les parties civiles, que ce soit les pilotes ou l’association des victimes du syndrome aérotoxique (AVSA), se disent satisfaites des premiers résultats, mais regrettent que la justice ne veuille pas faire des prélèvements en cabine : "Or, si on veut établir un lien entre la maladie et l’activité professionnelle, on doit pouvoir faire des comparaisons. On ne peut que déplorer l’inertie de la justice face à un potentiel scandale sanitaire dont le nombre de victimes ne cesse de croître", déplore l'avocate d'un des pilotes auprès du Parisien.

publié le 29 septembre à 16h18, Xavier Martinage, avec 6Medias

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