France

Comment un chantier en plein Paris a créé de grosses tensions entre la France et la Chine

Des ouvriers chinois privés de leurs droits et de leurs libertés ont été retrouvés sur un chantier en plein Paris géré par l’ambassade de Chine, rapporte Le Canard enchaîné.

Voilà une histoire que l’on croirait tout droit venue du Qatar ou d’Inde. C’est pourtant dans les rues de Paris, sur la très chic avenue de Breteuil (VIIe arrondissement), que les inspecteurs du Travail et de l’Urssaf ont découvert des ouvriers, privés de leurs droits et de leurs libertés. Les 23 travailleurs s’attelaient à la rénovation d’un bâtiment dont le propriétaire est l’ambassade de la République populaire de Chine en France, comme le rapporte Le Canard enchaîné.

Privés de leurs papiers d’identité, les employés dormaient sur place "au sein de deux étages dédiés à cet effet dans des espaces compris entre 3 et 6m2, parfois sans fenêtre, sans matelas et sans porte", précise le compte-rendu de l’inspection du travail, consulté par Le Canard enchaîné. Un couvre-feu était imposé dès 20 heures aux ouvriers, qui ne connaissent pas le français. Et leur salaire ne tombait que tous les trois ou six mois.

"Des conditions de travail indignes, voire de traite d’êtres humains"

Parmi les ouvriers, la moitié détient une carte délivrée en Allemagne et valable dans l’espace Schengen. L’autre détient un "titre de séjour spécial" fourni par le ministère français des Affaires étrangères. Pourtant ce type de document est normalement réservé au personnel qui travaille pour une ambassade. Les investigations sont en cours, selon le Parquet de Paris, joint par Le Canard. "Des investigations supplémentaires pourraient conduire à qualifier les infractions de conditions de travail indignes, voire de traite d’êtres humains", à en croire le document de l’Inspection du travail.

Reste à déterminer qui est en cause. La société en question, CZICC France, qui a remporté l’appel d’offres de l’ambassade chinoise est bien immatriculée en France. Son siège social se trouve à Issy-les-Moulineaux. Sauf qu’il s’agit d’une filiale française - qui déclarait 123 000 euros de chiffre d'affaires en 2020 - d’une entreprise chinoise. Et dont les dirigeants eux-mêmes habitent en Chine. Un sacré méli-mélo à venir pour la justice française.

publié le 26 avril à 16h13, Orange avec 6Medias

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