France

Colère des agriculteurs : 91 personnes placées en garde à vue après avoir interpellées près du marché de Rungis

© Lafargue Raphael/ABACA - Des véhicules blindées de la gendarmerie, positionnées près du marché de Rungis (Val-de-Marne) le 30 janvier 2024.

Mercredi 31 janvier, 91 personnes ont été placées en garde à vue pour "dégradation du bien d’autrui en réunion et participation à un groupement formé en vue de la préparation de dégradations de bien" près du marché de Rungis. Plusieurs convois de tracteurs se rapprochent de Paris, malgré les mises en garde du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Le mouvement de colère des agriculteurs ne s'étiole pas et la situation se tend. Au lendemain du discours de politique générale de Gabriel Attal, 91 personnes ont été interpellées aux abords du marché de Rungis (Val-de-Marne) et placées en garde à vue, a annoncé Laurent Nunez, préfet de police de Paris, pour "dégradation du bien d’autrui en réunion et participation à un groupement formé en vue de la préparation de dégradations de bien". "Nous ne saurions tolérer des troubles à l’ordre public, des débordements et d’éventuelles atteintes aux forces de l’ordre. (…) C’est ce qu’il s’est passé aujourd’hui, où une ligne rouge a été franchie en fin d’après-midi", a-t-il ainsi déclaré mercredi soir.

Un précédent bilan faisait état de 18 interpellations. Parmi elles, quinze ont été placées en garde à vue pour "entrave à la circulation", a rapporté plus tôt BFMTV. Ces arrestations interviennent dans un contexte toujours tendu dans le secteur agricole. Plusieurs convois tentent de contourner les forces de l'ordre et d'atteindre le marché international de Rungis, l'un des plus importants du monde, et d'Île-de-France. Un convoi de tracteurs, qui a fait route depuis Agen, se trouve bloqué à 20 kilomètres de Rungis, a encore indiqué BFMTV. Un problème technique empêche les paysans d'avancer : les rues qu'ils comptaient prendre sont trop petites.

Alors que les convois se rapprochent aux portes de Rungis pour bloquer le marché, Gérald Darmanin a annoncé sur le réseau social X, l'envoi "de renforts, notamment de véhicules blindés", en Essonne et dans le Loiret "pour empêcher de façon ferme l’accès à Rungis". Ce dispositif suscite le courroux des agriculteurs. "Je trouve cela très disproportionné pour une action pacifiste", a déploré sur BFMTV le vice-président de la FDSEA Ile-de-France.

Les tracteurs face aux blindés

Les tracteurs ont fait face aux véhicules blindés des CRS sur l’A6 au niveau de Chilly-Mazarin dans l’Essonne, près du marché de Rungis. Dans le Loiret, le convoi de plusieurs centaines de tracteurs parti d'Agen (Lot-et-Garonne) à l'appel de la Coordination rurale a de nouveau été bloqué par les forces de l'ordre. Plus tôt dans la journée, le ministre de l'Intérieur avait réaffirmé sur France 2 que le blocage de Rungis constituait "une ligne rouge", au même titre que l'intrusion dans Paris et les blocages des aéroports parisiens.

La mobilisation des agriculteurs, qui se concentre notamment sur les autoroutes, empêche les routiers de travailler. Les transporteurs routiers, qui traversent comme beaucoup de secteurs une crise économique importante, ont demandé des "mesures de soutien à très court terme" au gouvernement.

La FNSEA appelle au calme

Le ministère de l'Intérieur a évoqué "plus de 100 points de blocage" et 10 000 manifestants à travers la France. La plupart des points de blocage sont concentrés sur les autoroutes situées autour des grandes villes : Paris, Lyon, Marseille, Nantes, Bordeaux ou encore Toulouse. Selon La Dépêche du Midi, les syndicats agricoles envisagent de poursuivre le blocage de l'aéroport de Blagnac.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, auditionné au Sénat, a affirmé qu'il essayait "d'appeler au calme et à la raison" face à la colère des agriculteurs, estimant que beaucoup de "sujets européens" ne se "règlent pas en trois jours". Il a également profiter de cette audition pour tacler Gabriel Attal : "Le Premier ministre a fait une belle opération de communication qui s'est traduit par une forme de suragacement qui nous a conduit dans la situation dans laquelle on est."

Confronté à la colère des paysans, le gouvernement cherche une sortie de crise. Mercredi midi, le Premier ministre a reçu les représentants de la Confédération paysanne et la Coordination rurale, ont indiqué sur X les deux syndicats. Des annonces supplémentaires devraient être annoncées "avant la fin de la semaine", a précisé le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, sur Sud Radio.

publié le 31 janvier à 19h05, Guillaume Dosda, Antoine Grotteria et Maeliss Innocenti, 6Medias

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