Politique

Lutte contre le harcèlement scolaire : les annonces d'Élisabeth Borne

À la suite de nombreux cas de harcèlements constatés ces derniers mois, la Première ministre et le ministre de l'Éducation nationale présentaient leur plan interministériel de lutte contre ce fléau. Voici les principales mesures.

C'était un plan très attendu. Annoncé depuis le mois de juin après le suicide de la jeune Lindsay, 13 ans, le plan de lutte contre le harcèlement scolaire était présenté par Élisabeth Borne et Gabriel Attal ce mercredi 27 septembre. Son premier but est clair a dévoilé la Première ministre : "Mieux prévenir les drames tels que ceux survenus ces derniers mois et poser un constat sur les défaillances existantes." Après avoir énuméré les prénoms des adolescents qui se sont donné la mort ces derniers mois (Lucas, Lindsay, Nicolas…), la Première ministre a déploré que "chacun de ces prénoms résonnent comme un échec". Elle a aussi tenu à mettre les choses au clair : "Vous n'êtes pas responsables, ce que vous vivez est inadmissible."

Un plan en trois axes avec une "philosophie claire" : "100% prévention, 100% détection et 100% réaction." Le premier enjeu de ce plan, a répété la Première ministre, c'est "la prévention". Elle ajoute que le "meilleur moyen de lutter contre le harcèlement, c'est de sensibiliser, prévenir, expliquer". Cela passe donc par une meilleure formation du personnel éducatif : "Nous voulons que chacun connaisse les risques encourus", a martelé la Première ministre. Le deuxième axe est la détection : "Notre objectif est clair : détecter tous les cas de harcèlement et offrir à toutes les victimes et à leurs familles, un parcours clair et balisé", a précisé Élisabeth Borne.

Un numéro dédié pour témoigner

Pour ce faire, tous les élèves du CE2 à la 3e devront "remplir chaque année une grille d’auto-évaluation qui permettra de repérer les cas de harcèlement et d’intervenir rapidement". Dans le même temps, la Gendarmerie nationale va mettre au point une "grille d'évaluation du risque" qui devra permettre aux forces de l'ordre "d'améliorer la prise en compte des victimes et la qualité des auditions". En outre, un numéro de téléphone est en place, le 3018 ; un "numéro unique de signalement", qui doit permettre à "la parole de se libérer". Le dernier axe est donc la réaction. Élisabeth Borne a déclaré vouloir des "sanctions rapides" contre les harceleurs et notamment la "saisine systématique" du procureur. De leur côté, les harceleurs devront suivre des "stages de citoyenneté avec des mesures sur le harcèlement". Pour "les cas les plus graves", des peines de prison seront "possibles".

De même, Élisabeth Borne a confirmé que le programme de lutte contre le harcèlement (pHARe) "a été généralisé depuis la rentrée à toutes les écoles, les collèges et les lycées". Elle a rappelé aussi que depuis la rentrée, "c’est dorénavant l’élève harceleur qui doit changer d’établissement". À son tour, Gabriel Attal a détaillé toutes ces mesures parlant d'une "page de silence qui est en train de se tourner" et d'un "électrochoc sans précédent". Il a aussi clamé : "Ces derniers jours, nous assistons à un tsunami de témoignages. Ils ont été multipliés par trois par rapport à la même période en 2022." Se basant sur l'exemple du Danemark, le ministre de l'Éducation nationale a annoncé la mise en place de "cours d'empathie, de respect de l'autre, de tolérance" dans les petites classes. "Le harcèlement scolaire s'est effondré dans ce pays grâce à cette stratégie", a-t-il assuré.

Lutte contre le cyberharcèlement

Peu après, le ministre délégué au Numérique, Jean-Noël Barrot a martelé que le harcèlement numérique devait être "signalé", que ce soit sur "la plateforme (sur laquelle un acte de cyberharcèlement a été effectué)" ou en contactant le "3018". BFMTV indique que le Gouvernement a demandé aux plateformes TikTok, Instagram et Facebook "de renvoyer les enfants et les adultes qui signalent des faits de harcèlement vers le 3018". Avec le bouton "signalement" d'une publication, un internaute pourra signaler de manière classique un message auprès de la plateforme ou contacter le 3018, via un appel à un conseiller ou via un chat vers un conseiller. Le dispositif sera mis en place "dans les semaines qui viennent", selon nos confrères.

Des sanctions sont d'ores et déjà prévues pour les harceleurs, comme la confiscation du téléphone "en cas de condamnation". Un juge d'instruction pourra aussi choisir de "bannir des réseaux sociaux" un élève soupçonné de cyberharcèlement. De son côté, le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, a réclamé qu'une "réponse soit donnée en termes de prévention, de protection et de sanction".

publié le 27 septembre à 17h45, Xavier Martinage, avec 6Medias

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