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Attaque de Magdebourg: le suspect saoudien en voulait à la politique d'asile allemande

  • Le chancelier allemand Olaf Scholz sur les lieux de l'attaque meurtrière à la voiture-bélier de Magdebourg, le 21 décembre 2024
    ©Ronny HARTMANN, AFP - Le chancelier allemand Olaf Scholz sur les lieux de l'attaque meurtrière à la voiture-bélier de Magdebourg, le 21 décembre 2024
  • Le chancelier allemand Olaf Scholz sur les lieux de l'attaque meurtrière à la voiture-bélier de Magdebourg, le 21 décembre 2024
    ©Ronny HARTMANN, AFP - Mémorial improvisé près du lieu de l'attaque à la voiture-bélier sur un marché de Noël à Magdebourg, dans l'est de l'Allemagne, le 21 decembre 2024
  • Le chancelier allemand Olaf Scholz sur les lieux de l'attaque meurtrière à la voiture-bélier de Magdebourg, le 21 décembre 2024
    ©Ronny HARTMANN, AFP - Une figurine de père Noël parmi les fleurs et bougies déposées près du lieu de l'attaque à la voiture-bélier contre un marché de Noël à Magdebuurg, dans l'est de l'Allemagne, le 21 décembre 2024

Le suspect saoudien de l'attaque à la voiture-bélier sur un marché de Noël en Allemagne, qui a fait cinq morts et 200 blessés, est un "islamophobe" voulant probablement protester contre la protection insuffisante à ses yeux des réfugiés de son pays par Berlin.

Les autorités allemandes ont commencé samedi à lever un coin de voile sur les motivations, encore confuses, de l'auteur présumé de ce que le chancelier Olaf Scholz a qualifié d'"acte terrible" et "fou" en se recueillant samedi à Magdebourg (est).

À 19h03 locale, heure de l'attaque de vendredi, les cloches de toutes les églises de la ville ont sonné en hommage aux victimes, avant un office religieux dans sa cathédrale, auquel a participé aussi le chef de l’Etat Frank-Walter Steinmeier.

Environ 2.000 personnes se sont réunies devant l'édifice pour se recueillir malgré une pluie battante, selon des journalistes de l'AFP.

Le dernier bilan de la course folle du véhicule BMW renversant sur 400 mètres la foule du marché de Noël, reste provisoire. Parmi les blessés, une quarantaine le sont très grièvement, selon les autorités.

Samedi soir, le pape François a envoyé un télégramme au président Steinmeier exprimant sa "consternation". Il a exprimé son soutien et sa compréhension "pour la douleur des personnes touchées".

Le président américain Joe Biden a pour sa part dénoncé "un acte abject", et le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est dit "atterré" de "l'attaque horrible".

Plusieurs capitales avaient déjà fait part de leur "choc" la veille, à l'image de Paris, Rome ou Madrid.

Le crime "pourrait avoir comme arrière-plan un mécontentement à l'égard de la manière dont les réfugiés d'Arabie saoudite sont traités en Allemagne", a déclaré à la presse le procureur local Horst Walter Nopens.

En parallèle, la ministre de l'Intérieur, Nancy Faeser, a qualifié le suspect, un médecin saoudien de 50 ans réfugié lui-même en Allemagne depuis 2006 et arrêté vendredi soir sur les lieux du drame dans sa voiture, d'"islamophobe", au vu de ses prises de position publiques.

- Un "athée" -

Taleb Jawad al-Abdulmohsen, exerçant comme psychiatre dans la région, s'était présenté dans une interview à l'AFP en 2022 comme "athée", ce qui l'avait conduit à fuir son pays où il affirmait avoir été "menacé de mort pour apostasie de l'islam".

Il avait évolué ces dernières années sur les réseaux sociaux vers un discours radical, mâtiné de complotisme, ne cachant pas ses sympathies pour les thèses de l'extrême droite contre l'immigration musulmane.

En substance, il reprochait aux autorités allemandes de ne pas assez protéger les Saoudiens fuyant leur pays pour des raisons religieuses ou politiques, et de se montrer à l'inverse généreuses à l'égard de réfugiés musulmans venus du Moyen-Orient.

"Il s'agit d'une personne psychologiquement perturbée", a déclaré à l'AFP Taha al-Hajji, de l'Organisation euro-saoudienne pour les droits de l'homme (ESOHR), basée à Berlin.

Selon des médias allemands, le suspect avait provoqué une esclandre en février 2024 dans un commissariat berlinois où il était venu protester contre une ordonnance rendue contre lui pour "abus d’appel d’urgence".

Olaf Scholz a lancé un appel à la cohésion nationale, promettant "d'agir contre ceux qui veulent semer la haine".

- Polémique politique -

Il a demandé aux Allemands à se "serrer les coudes", alors que l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) s'est déjà saisie de l'attaque pour dénoncer l'accueil de centaines de milliers de réfugiés dans le pays ces dernières années.

"Quand cette folie prendra-t-elle fin ?", a écrit sur le réseau X la coprésidente de l'AfD Alice Weidel, dont le parti pointe en deuxième position dans les sondages, à près de 20%, en vue d'élections législatives anticipées fin février.

Plusieurs habitants de Magdebourg ont exprimé leur colère, l'un d'eux appelant bruyamment le chancelier lors de sa visite à "parler avec l'AfD" sur l'accueil des réfugiés.

"Quand tant de gens viennent chez nous, il faut aussi y regarder d'un peu plus près. On paye maintenant la facture", a jugé un autre passant Michael Raarig, ingénieur à la retraite de 67 ans.

La ville est sous le choc des images de l'attaque. Vendredi soir, la puissante voiture BMW s'était subitement engouffrée dans les allées du marché de Noël.

Parmi les cinq morts figure un enfant de 9 ans. Les nombreux blessés ont été répartis dans quinze hôpitaux différents.

M. Scholz a déposé des fleurs sur le parvis de l'église, face au lieu du drame. De nombreux anonymes l'ont précédé, déposant bouquets et bougies.

L'attaque est survenue huit ans presque jour pour jour après un acte similaire commis sur un marché de Noël de Berlin. Mais en l'état les autorités excluent toute motivation islamiste, contrairement à celui de Berlin en 2016.

publié le 21 décembre à 21h28, AFP

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