Politique

Éducation nationale : Nicole Belloubet veut imposer sa vision sur les "groupes de niveau", en décalage avec Gabriel Attal

© Lafargue Raphael/ABACA - La ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, écoute le Premier ministre Gabriel Attal à l'Assemblée nationale.

Dans l'arrêté publié dimanche 17 mars, le terme "groupes de niveau" ne figure pas dans le texte, après les pressions exercées par la nouvelle ministre de l'Éducation, Nicole Belloubet, rapporte "Le Figaro". Des assouplissements ont également été apportés à la réforme initialement portée par Gabriel Attal.

Le sujet est clivant dans les plus hautes sphères de l'exécutif. Comme le rapporte Le Figaro, lundi 18 mars, les "groupes de niveau", qui se mettront en place en mathématiques et français dans les classes de sixième et cinquième à la rentrée de septembre 2024, constituent une passe d'armes entre le Premier ministre Gabriel Attal et sa successeure à l'Éducation nationale, Nicole Belloubet. "Ils ne sont pas de la même génération, ils n’ont pas la même culture politique (...) Ils n’ont pas le même vocabulaire. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire une histoire politique, mais il n’y a pas de 'match'.", confient à nos confrères l'entourage de Nicole Belloubet.

À travers cette réforme, qu'il a initiée lorsqu'il était en poste rue de Grenelle, Gabriel Attal souhaite "sortir du collège unique" tandis que Nicole Belloubet estime qu'elle va entraîner un "tri social" dans les classes. Jeudi 7 mars, l'ancienne garde des Sceaux, qui s’est toujours gardée d’utiliser l’expression "groupes de niveau", a annoncé des assouplissements, avec des temps possibles en "classe entière" qu'elle qualifie de "groupes de besoin".

"Une vraie bataille d'influence"

Six jours plus tard, le chef du gouvernement a réagi à ce que certains qualifiaient de "rétropédalage" de l'exécutif. "Qu’importe le nom, pourvu qu’il y ait la mesure. Pour ma part, je trouve le nom groupe de niveau plus clair pour les Français : adapter l’enseignement du français et des mathématiques aux besoins de chaque élève pour faire progresser le niveau général", avait souligné Gabriel Attal, mercredi 13 mars. Si les deux membres du gouvernement se disent "raccord sur la mesure" en public, "c’est une vraie bataille d’influence que se sont livrés les cabinets des deux ministres", confie un proche du dossier au Figaro.

Dans l'arrêté paru dimanche 17 mars, Nicole Belloubet semble avoir obtenu gain de cause puisque le terme "niveau" n'a pas été retenu dans le texte. Ces groupes seront "constitués en fonction des besoins des élèves identifiés par les professeurs", explique l'arrêté, précisant que "les groupes des élèves les plus en difficulté" bénéficieront d’"effectifs réduits". Juste après la publication de l’arrêté, Gabriel Attal, a salué sur X, l’arrivée prochaine des "groupes de niveau". Preuve que cette séquence politique suscite des remous dans les rangs du gouvernement.

publié le 19 mars à 09h01, Quentin Marchal, 6Medias

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