Déficit public : "si je suis lynché, vous serez lynchés derrière", met en garde Le Maire
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L’ancien ministre de l’Économie va être entendu par la mission d’information sénatoriale sur la dégradation des finances publiques. À son départ de Bercy, le nouveau locataire avait découvert une dette bien plus haute que prévu.
En arrivant à Bercy le 21 septembre, Antoine Armand, le ministre de l’Économie et des Finances, a découvert un déficit bien plus élevé que prévu. Depuis, le gouvernement Barnier tente de mettre en place un budget rigoureux, mais se tourne également vers Bruno Le Maire pour désigner un coupable de cette situation catastrophique. L’ancien ministre de l’Économie doit comparaître, jeudi 7 novembre, devant la mission d’information sénatoriale sur la dégradation des finances publiques pour s’expliquer. Mais il ne se laissera pas accuser sans se défendre : "Si je suis lynché, vous serez lynchés derrière", a-t-il averti, jeudi 24 octobre, à l’Élysée devant une partie de la macronie, rapporte Le Parisien.
"J’assume toutes mes responsabilités. Il y a besoin, devant le torrent de mensonges et la brutalité des accusations, de rétablir les faits au scalpel", a confié l’ancien ministre à un ami. Celui-ci se serait bien préparé, avec tous les documents et chiffres prêts à être dégainés, notamment pour partager les torts.
Les républicains dans le viseur de Bruno Le Maire
L’ancien locataire de Bercy ne va pas porter seul la responsabilité de la dette. Il souhaite notamment partager les torts avec la macronie : "Les gens qui sont de notre camp et qui me critiquent aujourd’hui, c’est scandaleux", aurait-il lancé lors d’un déjeuner à l’Élysée. De plus, Emmanuel Macron ne souhaiterait pas le contredire. "Macron est aligné sur cela : il ne veut pas qu’on détricote son bilan. Ils ont un intérêt commun", analysait un convive. "Il ne va pas se défausser sur Emmanuel Macron, mais déplorer le manque d’anticipation de son administration qui n’a rien vu venir", avançait Mathieu Lefèvre, député Renaissance.
Mais c’est surtout contre les républicains que Bruno Le Maire souhaite se tourner. Selon nos confrères, l’entourage de l’ancien ministre témoigne : "La fin du quoi qu’il en coûte ? C’est lui ! La hausse des taxes sur l’électricité ? C’est lui et tout le monde, dont LR, nous a tapé dessus ! L’annulation des 10 milliards d’euros et le budget rectificatif (PLFR) au printemps 2024 ? Personne n’en voulait, au sein même de notre camp." Éric Ciotti, chef des républicains à l’Assemblée à l’époque, se verra fort probablement pointé du doigt à cause de sa menace de censure en cas de budget rectificatif.
Malgré cette préparation minutieuse, Bruno Le Maire joue gros et pourrait emporter avec lui une partie de la macronie. "Les accidents budgétaires se sont transformés en dérives. Les Français sont sous le choc et nous, sénateurs, aussi. On veut la vérité !" explique le rapporteur LR de la Commission au Sénat, Jean-François Husson. "Il est grillé, carbonisé. Vous ne pouvez pas répéter pendant sept ans que vous ferez barrage de votre corps pour que la dette n’augmente pas et partir en laissant plus de 6 % de déficit", assure un ministre.
publié le 6 novembre à 10h19, Philippine Rouviere Flamand, 6Medias