France

La baisse des naissances en France, bonne ou mauvaise nouvelle ?

  • Entre janvier et novembre 2024, le nombre de naissances a reculé de 2,8% en France par rapport à la même période l'année précédente et pourrait ainsi atteindre un nouveau plus bas historique sur l'ensemble de l'année
    ©LOIC VENANCE, AFP - Entre janvier et novembre 2024, le nombre de naissances a reculé de 2,8% en France par rapport à la même période l'année précédente et pourrait ainsi atteindre un nouveau plus bas historique sur l'ensemble de l'année
  • Entre janvier et novembre 2024, le nombre de naissances a reculé de 2,8% en France par rapport à la même période l'année précédente et pourrait ainsi atteindre un nouveau plus bas historique sur l'ensemble de l'année
    ©LOIC VENANCE, AFP - Une baisse de la natalité inquiète également car elle "a pour conséquence un vieillissement de la population, ce qui est associé à une perte de dynamisme" de l'économie
  • Entre janvier et novembre 2024, le nombre de naissances a reculé de 2,8% en France par rapport à la même période l'année précédente et pourrait ainsi atteindre un nouveau plus bas historique sur l'ensemble de l'année
    ©LOIC VENANCE, AFP - À l'heure où l'on compte en moyenne 1,68 enfant par femme, certains craignent de voir la population française diminuer

Toujours moins de bébés en France: une nouvelle baisse des naissances devrait être enregistrée en 2024, accentuant une tendance enclenchée il y a déjà plusieurs années. Qu'implique ce recul pour le pays? Le point sur ses conséquences.

Quelle est la situation?

De janvier à novembre 2024, le nombre de naissances a diminué de 2,8% par rapport à la même période un an plus tôt, a indiqué mardi l'Insee, qui doit dévoiler la semaine prochaine le bilan annuel.

Ce repli s'inscrit dans une tendance de plus long terme: depuis 2011, le nombre de naissances recule chaque année en France, à l'exception de 2021, qui a connu un léger rebond après les confinements liés au Covid-19.

Le nombre de naissances est désormais au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce qui a provoqué l'an dernier de nombreuses réactions politiques et conduit le président Emmanuel Macron à plaider pour un "réarmement démographique" du pays.

Pourquoi se préoccupe-t-on de la natalité ?

La France a la particularité de se préoccuper de sa natalité depuis plusieurs siècles. "Sa fécondité était la plus faible d'Europe au XIXe, elle a vu d'autres pays s'accroître beaucoup plus vite et a craint de manquer de population", notamment en cas de guerre, explique à l'AFP Hervé Le Bras, directeur d'études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). L'idée qui prédominait alors était qu'une population importante permettrait d'aligner plus de soldats afin d'avoir l'avantage en cas de conflit.

Dès cette époque, des mouvements natalistes se développent. Par la suite, "le souci pour la natalité a été partagé par la plupart des dirigeants" français, ce qui a donné une politique familiale plus importante qu'ailleurs, selon le spécialiste.

À l'heure où l'on compte en moyenne 1,68 enfant par femme, certains craignent de voir la population française diminuer. Car pour assurer le renouvellement des générations, il faut atteindre un taux de fécondité de 2,1 enfants par femme.

Synonyme de perte d'influence ?

Les États refusent généralement de voir leur population diminuer car cela "renvoie à un sentiment de déclin", décrit à l'AFP Catherine Scornet, maîtresse de conférence à l'Université d'Aix-Marseille.

Pourtant, d'un point de vue diplomatique, le poids démographique "ne suffit pas" pour qu'un pays rayonne et s'impose sur la scène internationale, souligne la spécialiste. Ainsi, l'Inde, pays désormais le plus peuplé au monde avec ses 1,4 milliard d'habitants, "n'a pas un poids politique majeur", cite-t-elle en exemple.

Une économie ralentie ?

Une baisse de la natalité inquiète également car elle "a pour conséquence un vieillissement de la population, ce qui est associé à une perte de dynamisme" de l'économie, relève Catherine Scornet.

Dans un premier temps, le recul des naissances peut avoir un impact positif sur les finances publiques puisque cela signifie moins de dépenses en matière de soins, d'éducation et d'allocations.

La situation peut se complexifier lorsque les générations moins nombreuses atteignent l'âge adulte. Pour la France, il pourrait alors être plus difficile de financer son système de retraite, basé sur les cotisations des seuls actifs. Des solutions existent toutefois pour accroître la population active, comme encourager l'arrivée de travailleurs immigrés.

Une bonne nouvelle pour la planète ?

Moins d'enfants signifie-t-il moins de pollution ? A l'heure où la planète compte plus de 8 milliards d'habitants, la croissance démographique est parfois considérée par certains militants comme problématique en raison de la pression exercée sur les ressources naturelles et de la production de CO2. Des défenseurs du climat, en France et ailleurs, revendiquent le fait de pas avoir d'enfant pour lutter contre le réchauffement.

Mais l'impact d'une population sur l'environnement, "c'est essentiellement une question de consommation", rappelle Hervé Le Bras, de l'EHESS. Si les Français ont moins d'enfants, cela peut paradoxalement avoir un impact négatif en matière de pollution: "cela laisse aux familles plus de revenu disponible pour d'autres dépenses, souvent émettrices de CO2", tels que l'achat d'un véhicule ou les voyages en avion, pointe-t-il.

publié le 7 janvier à 13h32, AFP

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