Économie

En campagne, la Confédération paysanne veut faire entendre sa différence

  • Manifestation de la Confédération paysanne au Luc (Var) le 8 janvier 2025
    ©MIGUEL MEDINA, AFP - Manifestation de la Confédération paysanne au Luc (Var) le 8 janvier 2025
  • Manifestation de la Confédération paysanne au Luc (Var) le 8 janvier 2025
    ©MIGUEL MEDINA, AFP - Manifestation de la Confédération paysanne au Luc (Var) le 8 janvier 2025
  • Manifestation de la Confédération paysanne au Luc (Var) le 8 janvier 2025
    ©MIGUEL MEDINA, AFP - Manifestation de la Confédération paysanne au Luc (Var) le 8 janvier 2025

Revenu décent, fermes à taille humaine, respect des normes sociales et environnementales : la Confédération paysanne a fait entendre sa différence mercredi dans la campagne des élections aux Chambres d'agriculture, en bloquant une plateforme Leclerc dans le Var et un hypermarché à Limoges.

Arrivés au Luc (Var) peu avant 05H00, plusieurs dizaines de manifestants venus des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse ont bloqué pendant plusieurs heures les accès à la plateforme de frais de la centrale Lecasud avec tracteurs, camions et bottes de paille, pour dénoncer "un système dont le seul gagnant est la grande distribution".

"TOUTe PAYSANne MÉRITE REVENU", "Plus de paysans, moins d'agrobusiness": de grandes banderoles avaient été accrochées sur des tracteurs ou camions-bennes installés en travers des accès du site, qui dessert en produits frais l'enseigne dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Des palettes enflammées étaient entassées devant les grilles.

A Limoges, entre 50 et 80 agriculteurs ont, eux, bloqué, sans incident ni dégradation, les accès d’un hypermarché Leclerc au premier jour des soldes.

Ces actions de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole en France derrière la FNSEA et la Coordination rurale, mais deuxième dans le Var, surviennent en pleine campagne pour les élections aux chambres d'agriculture qui se tiendront du 15 au 31 janvier.

"On refuse les conditions de la grande distribution qui autorise les ventes à perte pour les paysans, On veut des prix rémunérateurs pour pouvoir payer nos charges, nos cotisations sociales et dégager un revenu", a expliqué à l'AFP Vincent Arcusa, jeune paysan-boulanger à Tourves, tête de liste de la Confédération paysanne dans le Var.

"Les grandes enseignes mettent en avant des prix bas sur des produits transformés à base d’aliments importés, sur lesquels on ne peut pas s'aligner", a surenchéri depuis Limoges Martin Metayer, un porte-parole régional du syndicat.

"Contrairement aux autres syndicats, on ne réclame pas moins de charges, parce qu'on veut cotiser. On ne veut pas moins de normes environnementales parce qu'on veut produire qualitativement. On ne veut pas pouvoir utiliser de produits interdits, on ne veut pas revenir en arrière!", insiste Vincent Arcusa, en référence aux revendications des deux principaux syndicats qui réclament l'accès à des pesticides aujourd'hui interdits en France, mais autorisés par l'UE.

- "Vendre à perte" -

Postée avec quelques collègues sur une autre entrée de la plateforme Lecasud, bloquée par un tracteur et des ballots de paille, Gwenaëlle Le Bars, vigneronne à Bras (Var) au cœur de la Provence verte, dit vouloir "défendre des fermes humaines, pas l'agrobusiness de la FNSEA". Elle accuse la grande distribution d'"imposer ses prix sur le vin en vrac, de faire traîner les négociations chaque année et de ne pas respecter les contrats".

"Nous sommes pour l'assouplissement de certaines normes administratives, mais nous ne sommes pas d'accord avec l'assouplissement des normes environnementales, qui garantissent notre qualité", ajoute-t-elle.

Pour Nina Lejeune, installée depuis cinq ans comme éleveuse de poules pondeuses bio à Sillans-la-Cascade (Var), "la grande distribution se gave sur le travail des paysans. Ils négocient les prix toujours à la baisse", accuse-t-elle, affirmant que "le milieu agricole est le seul où on peut vendre à perte".

"On dénonce aussi les accords de libre-échange car dans les rayons des supermarchés on trouve des produits venant de pays qui ne respectent pas nos réglementations sociales et environnementales", explique-t-elle, estimant que ces accords "ne sont pas bons non plus pour les paysans de ces pays car, par exemple en France, on exporte notre surproduction de lait qui va concurrencer les producteurs laitiers des pays du sud!"

"Le système actuel n'est bénéfique ni pour les producteurs, ni pour les consommateurs. Le seul gagnant, c'est la distribution qui continue d'augmenter ses marges et fait de plus en plus de bénéfices", assène-t-elle.

"Nous, on se bat pour une campagne vivante avec des fermes à taille humaine et des paysans et paysannes heu-reux !", lance-t-elle en éclatant de rire.

A la mi-journée, le blocus avait été levé, permettant l'ébranlement de la longue file de camions frigorifiques qui patientaient.

publié le 8 janvier à 18h42, AFP

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