Colère des agriculteurs : la classe politique française fait front contre l'accord UE-Mercosur
© DPA/ABACA - Emmanuel Macron avec son homologue Javier Milei, à Buenos Aires (Argentine), le 17 novembre 2024.
L'accord décrié par le monde paysan entre les pays du Mercosur et l'Union européenne, censé faciliter l'import de marchandises d'Amérique du Sud, est également rejeté par l'ensemble de la classe politique française.
Le sujet devient brûlant, alors que la colère des agriculteurs gronde à nouveau, lundi 18 novembre. La signature de l'accord Mercosur, qui favoriserait le libre-échange entre les pays de l'Union européenne et l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay, le Paraguay et la Bolivie, semble imminente. Pourtant, le texte, rejeté avec force par les producteurs français, qui craignent de voir le marché inondé de viande et de marchandises à bas coûts exemptes du respect des normes européennes, ne récolte pas l'adhésion de la classe politique. En réalité, l'ensemble des élus se montrent insatisfaits, note TF1 Info.
La gauche vent debout
À gauche, les Écologistes sont unanimes : "[le Mercosur est] délétère pour notre biodiversité et nos forêts, mais également pour nos paysannes et nos paysans et nos salariés injustement mis en concurrence avec des marchés aux normes environnementales et sociales moindres", avaient dénoncé les Verts dans un courrier adressé à Michel Barnier en octobre dernier, et cité par nos confrères. Le Parti socialiste a quant à lui prôné une "tolérance zéro pour les produits importés ne respectant pas les normes européennes et particulièrement les usages en matière de pesticides". Quant à La France insoumise, le parti de Jean-Luc Mélenchon pointe que le texte "ne servira que les intérêts de quelques grandes firmes au détriment de l’intérêt général", et s'apparente à "une mise en concurrence brutale pour notre agriculture" avec "un afflux de denrées alimentaires ne faisant l’objet d’aucun contrôle sanitaire approprié".
Plus étonnant, le centre et la droite s'y opposent également. Les Républicains dénoncent une atteinte à la souveraineté de la France. "Je ne veux pas donner à mes enfants du bœuf qui a grandi avec des accélérateurs de croissance", a expliqué Xavier Bertrand, patron LR de la région des Hauts-de-France, ce lundi matin sur TF1. Même chose pour le Rassemblement national, qui y voit une menace pour l'agriculture française, avec "une concurrence internationale déloyale", avait prévenu Jordan Bardella dans l'un de ses meetings.
L'accord en l'état est "mauvais", selon Macron
Emmanuel Macron assure pour sa part que l'accord est "mauvais". Le président a voulu envoyer des signaux rassurants aux éleveurs, après sa rencontre avec le chef d'État argentin, Javier Milei. "Je veux rassurer tous nos agriculteurs : nous ne renoncerons pas à notre souveraineté alimentaire. La France ne soutiendra pas l'accord UE-Mercosur dans sa version actuelle", a-t-il écrit sur X. Toutefois, la Commission européenne pousse pour que l'accord soit signé avant la fin de l'année. Il faudra donc une majorité d'opposition au parlement pour l'endiguer.
publié le 18 novembre à 16h32, Joanna Wadel, 6Medias