Société

Crise des urgences : "C'est une maltraitance institutionnelle", dénonce le président de Samu Urgences de France

© Huchot-Boissier Patricia/ABACA - Illustration

Experts et patients s'accordent à le dire : la situation de l'hôpital français se dégrade à vue d'oeil. C'est au tour de l'association Samu Urgences de France de tirer la sonnette d'alarme. Mercredi 18 septembre, son président, Marc Noizet, a fait part de rudes constats à France Bleu Alsace.

Un bilan critique. Dans une enquête menée cet été auprès des SMUR et structures d'urgences, et publiée mardi 17 septembre, l'association Samu Urgences France brosse un tableau peu reluisant de la situation dans les services d'urgences français. Marc Noizet, président de Samu Urgences de France, a confié son agacement à France Bleu Alsace, mercredi 18 septembre.

Au total, cet été, deux services sur trois ont fonctionné en mode dégradé, plus de 1 500 lits supplémentaires ont fermé dans les deux tiers des établissements consultés, et 202 services d'urgences ont fermé au moins une ligne médicale durant cette même période.

Une attente mortelle

"Il faut véritablement que l’État prenne ses responsabilités", a-t-il souligné d'emblée à l'évocation des chiffres effarants dévoilés par l'enquête. Marc Noizet n'entend pas la réaction positive du ministre démissionnaire de la Santé, Frédéric Valletoux, qui s'est félicité de l'état des services d'urgences cet été : "C’est le troisième ministre sur trois étés consécutifs qui nous dit que finalement la situation n’est pas si grave que ça", a-t-il fustigé.

Et d'attirer l'attention sur les conséquences pour la santé des patients : "La conséquence pour le patient est catastrophique [...] plus vous restez longtemps sur un brancard aux urgences, plus les complications de votre maladie et des complications liées au fait de rester allongé sans bouger augmentent". Marc Noizet prend en exemple les plus de 75 ans, contraints de passer la nuit sur un brancard, faute de chambre : "La mortalité augmente de 46 %", a-t-il souligné. Un constat notamment partagé par Arnaud Chiche, fondateur du Collectif Santé en Danger et médecin anesthésiste réanimateur, qui s'exprimait à ce sujet sur RTL en août.

Une situation devenue commune dans le Grand Est, où 27% de patients en plus ont attendu plus d'une nuit dans les couloirs des urgences cet été, a-t-il encore pointé. "Ce qui nous fait dire nous Samu Urgences de France, que c'est une maltraitance institutionnelle", en conclut Marc Noizet.

Le manque de places et de médecins

Dans son rapport, Samu Urgences France préconise des solutions pour redresser la barre. En haut de la liste figure la question des hospitalisations de patients "non programmés", arrivant à l'improviste aux urgences, auxquels l'association souhaite dédier des places pour éviter l'engorgement des services. Au micro de RTL mardi, Marc Noizet évoquait également la problématique du manque de médecins, qui est selon lui l'une des clés pour sortir de la crise. "Il manque à peu près 30% de médecins urgentistes sur le territoire", estime-t-il.

Des défis qui attendent le futur ministre de la Santé.

publié le 18 septembre à 15h10, Joanna Wadel, 6Medias

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