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Bébé secoué: aux assises du Bas-Rhin, des parents effondrés

Aux assises du Bas-Rhin, les parents du petit Hugo ont raconté comment

© AFP, AFP - Aux assises du Bas-Rhin, les parents du petit Hugo ont raconté comment "tout s'est effondré" le jour de son décès à l'âge de six mois, lors du procès de l'assistante maternelle qui a reconnu avoir secoué le nourrisson

Les parents du petit Hugo ont raconté lundi comment "tout s'est effondré" le jour de son décès à l'âge de six mois, au procès, aux assises du Bas-Rhin, de l'assistante maternelle du nourrisson qui a reconnu l'avoir secoué.

Accusée de violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur un mineur de 15 ans par un ascendant et de violence sans incapacité sur un mineur de 15 ans par un ascendant, cette mère de famille de de 44 ans encourt jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle.

Le 22 octobre 2013, elle avait appelé vers 08H30 les pompiers, expliquant que Hugo, six mois, qu'elle gardait depuis moins d'une heure chez elle à Marlenheim (Bas-Rhin) était amorphe. Du lait sortait du nez et de la bouche de l'enfant, rapidement pris en charge par les secours.

Arrivé aux urgences, les parents apprennent que leur bébé est décédé et présente des lésions, dont une hémorragie rétinienne.

"Là, tout s'est effondré, on ne voulait pas le croire...", a raconté le père, en larmes devant la cour.

Deux mois plus tard, les gendarmes les informent que la nourrice a avoué avoir secoué leur bébé, un "coup de massue" pour le père.

- Dix ans d'attente -

"Je n'ai pas compris pourquoi un enfant aussi calme, aussi sage, pouvait être secoué. Hugo, il ne pleurait pas", a aussi témoigné sa mère, 42 ans aujourd'hui.

L'assistante maternelle a été renvoyée aux assises plus de dix ans après le drame, un délai qui s'explique par de nombreuses expertises et contre-expertises.

"J'attends que sa culpabilité soit reconnue", a martelé la mère d'Hugo, "ça fait dix ans qu'on attend".

Avec son compagnon, ils ont eu deux autres garçons dont l'un est suivi par un psychologue car "il refuse de grandir".

"On a refait deux enfants mais on les a gardés nous-mêmes", confie le père, sa compagne reconnaissant qu'elle ne "fait plus confiance à personne".

Selon les experts, Hugo a subi au moins trois traumatismes: le premier, dû à un secouement entre son 5e et son 6e mois, le second, dû à un choc sur la tête et le troisième, un nouvel épisode de secouement, quelques minutes avant l'appel aux services de secours.

Il était gardé depuis un mois chez l'assistante maternelle à qui était confié également un autre petit garçon.

La mère de ce second enfant a assuré que la nourrice était "quelqu'un de toujours calme, souriant, qui n'avait pas d'accès de colère".

Qu'elle ait pu commettre des violences sur Hugo c'est "inconcevable", a aussi déclaré l'ancienne enseignante d'un des enfants de l'assistante maternelle, qui l'accompagnait à l'occasion de sorties scolaires. "J'avais toute confiance en elle".

Le jour du drame, Hugo revenait chez sa nourrice après quelques jours d'absence.

- "Poupée de chiffon" -

L'assistante maternelle a expliqué qu'elle lui avait donné un biberon et qu'il avait fait deux rots qu'elle avait trouvés "bizarres". Puis elle l'avait couché et s'était absentée de la pièce quelques instants. A son retour elle l'avait retrouvé amorphe et, affolée, l'avait secoué pour le ranimer avant d'appeler les secours.

Lundi, le directeur d'enquêtes de la gendarmerie a raconté que l'assistante maternelle avait "changé un peu sa version", et affirmé qu'elle avait eu un "malaise". Elle avait expliqué qu'en revenant à elle, elle avait trouvé l'enfant sur le lit "comme une poupée de chiffon" et l'avait secoué "assez vivement pour obtenir une réaction de sa part".

Aussitôt après le drame, son agrément, qu'elle avait obtenu en août 2012, a été suspendu.

A l'audience, son mari l'a décrite comme une "maman très aimante", une personne "qui n'a jamais fait de mal à une mouche".

"Elle m'a dit qu'elle n'avait jamais voulu ce qui s'était passé et qu'elle n'avait pas réagi comme il fallait", a relaté cet homme qui a été gravement blessé lors de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg le 11 décembre 2018. "Le sort s'acharne sur nous", a-t-il déclaré.

Mais pour une psychologue qui l'a expertisée en 2015, la nourrice présente une "immaturité affective" et une "haute opinion d'elle-même".

L'accusée sera interrogée mardi. Le procès doit s'achever mercredi.

publié le 24 juin à 19h36, AFP

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