Politique

Taiwan : des propos d’Emmanuel Macron mettent à cran certains grands alliés de la France

© Xinhua/ABACA

Dans une interview accordée aux Échos, publiée dimanche 9 avril, le président de la République a assuré que les Européens ne devaient pas être des suiveurs sur la question taïwanaise, revendiquée par la Chine et défendue par les États-Unis. Mais du côté des alliés de Paris, ces mots ont du mal à passer, rapporte Le Parisien.

Lui qui ne voulait pas se mouiller, il aura fini par attiser la colère des Américains. Interrogé sur la situation à Taïwan lors d’une interview donnée à nos confrères des Échos à son retour de Chine, Emmanuel Macron a refusé de prendre parti sur la question. “La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devons devenir des suiveurs sur ce sujet et nous adapter au rythme américain ou à une réaction excessive de la Chine”, avait confié le président de la République au titre économique, dimanche 9 avril.

Depuis 1949, la Chine revendique Taïwan et les États-Unis soutiennent l’indépendance de l’île. Mais patatra, samedi 8 avril, la Chine a déclenché d’importantes manœuvres militaires autour de Taïwan, pendant trois jours. Des opérations prévues bien avant l’interview d’Emmanuel Macron. Dans l’entretien, le chef de l’État a exhorté l’Union européenne (UE) à ne pas “être suiviste” de Washington ou de Pékin. “Notre priorité n’est pas de nous adapter à l’agenda des autres dans toutes les régions du monde”, a lancé Emmanuel Macron. Mais ces propos ont piqué à vif certains grands alliés de Paris.

En Allemagne, Emmanuel Macron “affaiblit l’Europe”

Et pour cause, les déclarations du chef d’État français sont critiquées en Europe comme outre-Atlantique, rapporte Le Parisien, mardi 11 avril. Pour Norbert Roettgen, député allemand et membre de la commission des affaires étrangères du Parlement, le président de la République a “réussi à transformer son voyage en Chine en un coup de relations publiques pour Xi et en un désastre pour l’Europe en matière de politique étrangère.” Selon lui, Emmanuel Macron “s’isole de plus en plus en Europe” et “affaiblit l’Europe”.

Aux États-Unis, le sénateur Marco Rubio a lancé sur Fox News que si l’Europe ne “prend pas parti entre les États-Unis et la Chine sur Taïwan, alors peut-être ne devrions-nous pas non plus prendre parti [sur l’Ukraine]”. Même la presse américaine s’y est mise, le Wall Street Journal a évoqué un "raté" de la part d’Emmanuel Macron, tandis que le New York Times a jugé que Paris "sapait" le travail des États-Unis dans sa volonté de limiter l’influence du régime de Xi Jinping. Toutefois, afin de calmer les esprits, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale ont par la suite expliqué que Washington D.C était "à l’aise" avec le positionnement français : "nous avons toute confiance dans notre excellente relation bilatérale avec la France et dans la relation que le président (Joe Biden) a avec le président Macron”.

Dans le camp du président, la parole est à la défense. Invité d’Europe 1, mardi 11 avril, le ministre de l’Économie a soutenu que “le président de la République a parfaitement raison de réclamer l’indépendance et la souveraineté européenne. Ce n’est pas parce que nous sommes les alliés des Etats-Unis que nous devons être contre la Chine. Nous ne devons pas être pris à partie.” Reste à voir ce que l'exécutif européen dira des déclarations du président français.

publié le 11 avril à 10h38, Orange avec 6Medias

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