Politique

Macron entame une visite d'Etat en Arabie en pleine crise politique en France

  • Des avions Rafale F3R décollent de l'aéroport militaire d'Andravida, en Grèce, le 19 avril 2021
    ©ARIS MESSINIS, AFP - Des avions Rafale F3R décollent de l'aéroport militaire d'Andravida, en Grèce, le 19 avril 2021
  • Des avions Rafale F3R décollent de l'aéroport militaire d'Andravida, en Grèce, le 19 avril 2021
    ©Ludovic MARIN, AFP - Emmanuel Macron, des responsables saoudiens et le prince héritier saoudien Mohammed Bin Salman à Riyad le 2 décembre 2024

Emmanuel Macron a entamé lundi une visite d'Etat de trois jours en Arabie saoudite, un acteur régional clé avec lequel Paris veut intensifier les liens, en pleine crise politique en France.

Le président a atterri peu avant 16H00 GMT à Ryad, la capitale du royaume, alors que le gouvernement français, en place depuis à peine plus de deux mois, s'apprête à être renversé au Parlement.

Le Premier ministre, Michel Barnier, a demandé dans l'après-midi une adoption sans vote du budget de la Sécurité sociale, ouvrant la voie à une motion de censure qui a toutes les chances d'être votée dans les prochains jours.

Le chef de l'Etat, qui n'a pas fait de commentaires sur la situation politique en France, s'est immédiatement rendu au Palais royal pour un premier entretien en tête-à-tête suivi d'un dîner avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume.

Emmanuel Macron, fort de son rôle dans le cessez-le-feu au Liban, entend renforcer l'influence de la France dans la région, secouée par de multiples conflits, avant le retour du républicain Donald Trump à la Maison Blanche.

Il espère aussi regagner à l'international la marge de manoeuvre qu'il a complètement perdue sur la scène intérieure depuis la dissolution de juin.

Il s'agit de son troisième déplacement en Arabie saoudite depuis 2017, une "relation très dense" à laquelle l'homme fort du pays, un temps paria après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en Turquie, a répondu par trois visites officielles en France.

Les deux dirigeants vont "acter un rehaussement de la relation bilatérale au niveau d'un partenariat stratégique", a annoncé l'Elysée, rappelant que la dernière visite présidentielle d'Etat remontait à Jacques Chirac en 2006.

Ils vont voir comment "travailler ensemble" sur les conflits qui secouent la région et les risques d'escalade généralisée.

Avec au "coeur des discussions" le Liban, après une trêve fragile entrée en vigueur mercredi entre Israël et le mouvement chiite Hezbollah, soutenu par l'Iran.

Emmanuel Macron espère un soutien saoudien à l'armée libanaise, qui se redéploie à la frontière avec Israël mais manque de moyens, et au règlement de la crise politique qui secoue le Liban depuis plus de deux ans.

- Soutien au Liban -

La monarchie du Golfe, longtemps influente politiquement et financièrement au Liban, s'en est désengagée ces dernières années face au chaos politique et au poids grandissant du Hezbollah.

Ce dernier sort très affaibli du conflit avec Israël et Ryad pourrait se décider à "financer à nouveau des acquisitions au profit des Forces armées libanaises, voire une aide à l'économie libanaise", avance un connaisseur du dossier à Paris.

Les deux pays appellent aussi à un cessez-le-feu à Gaza et à une "issue politique" au conflit israélo-palestinien reposant sur la "solution des +deux Etats+".

L'Arabie saoudite, qui abrite les lieux les plus saints de l'islam, est engagée dans des discussions avec Washington pour normaliser ses relations avec Israël et l'octroi de garanties de sécurité américaines.

Mais mi-septembre, le prince héritier a exclu une reconnaissance d'Israël avant la "création d'un Etat palestinien".

L'offensive lancée en Syrie par des groupes rebelles dirigés par des islamistes contre le régime de Bachar al-Assad rouvre aussi un nouveau front d'instabilité.

La visite présidentielle aura un important volet économique mardi alors que le royaume, premier exportateur mondial de brut, s'est engagé dans une diversification accélérée pour faire face à un potentiel après-pétrole.

Les deux pays ambitionnent de "renforcer de manière très importante" leurs échanges économiques qui ne sont pas "à la hauteur des ambitions communes", souligne l'Elysée.

- Contrats -

Le chef de l'Etat sera accompagné d'une cinquantaine de patrons de grands groupes français (Total, EDF, Veolia...) et de start-up (Pasqal, Alan, Mistral...) emblématiques de l'économie du futur.

Les deux pays veulent engager des coopérations dans tous les secteurs d'avenir, de la transition énergétique à l'intelligence artificielle, en phase avec le vaste programme de modernisation de la société et de l'économie saoudiennes (Vision 2030) du prince héritier.

Des discussions sont également en cours pour l'acquisition d'avions de chasse Rafale par l'Arabie. "La visite du président pourrait permettre d'emporter une décision, pas forcément une annonce", selon une source proche du dossier.

La France est aussi un partenaire clé de Ryad en matière culturelle et touristique, avec le développement d'un mégaprojet de 20 milliards de dollars autour de l'oasis et du site archéologique d'Al-Ula, au nord de Médine (nord-ouest).

Emmanuel Macron assistera au One Water Summit sur la gestion de l'eau mardi à Ryad avant de rejoindre mercredi Al-Ula avec notamment la ministre de la Culture Rachida Dati, avec des annonces en perspective.

publié le 2 décembre à 19h38, AFP

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