Le sénateur Joël Guerriau a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire
© Wikimedia Commons - Joël Guerriau est accusé par une députée de l'avoir droguée.
Placé en garde à vue depuis mardi 14 novembre, le sénateur Joël Guerriau aurait tenté de droguer une députée qui avait déposé plainte le même jour. Lors d'une confrontation, l'élu a réfuté la version de Sandrine Josso. Vendredi 17 novembre, il a finalement été mis en examen, rapporte Le Parisien.
L'étau se resserre autour de Joël Guerriau. Vendredi 17 novembre, l’homme politique de Loire-Atlantique, membre du groupe Les Indépendants au Sénat a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, d'après les informations du Parisien. Mardi 14 novembre, une députée avait porté plainte pour "administration à une personne, à son insu, d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes pour commettre un viol ou une agression sexuelle" contre le sénateur centriste Joël Guerriau. D’après BFMTV, les deux parties se connaissent très bien, "il faut savoir qu’ils sont amis depuis une dizaine d’années", indiquait le journaliste de la chaîne en continu vendredi 17 novembre.
D’après les informations recueillies par BFMTV, la plaignante dépeint le sénateur comme un entêté qui aurait usé de nombreux arguments pour lui faire boire plusieurs verres à son domicile. "Au départ, le rendez-vous était pris dans un restaurant et d’après [le récit de la députée], le sénateur aurait insisté pour que le dîner se fasse à son domicile à Paris", relate le journaliste police-justice de BFMTV. L’élue se rend donc chez son ami vers 20h avant de remarquer "un comportement étrange de la part de ce sénateur". Selon le témoignage de la députée, Joël Guerriau aurait proposé plusieurs fois des boissons qu’il va "préparer seul dans la cuisine". Ce dernier aurait par ailleurs posé des regards insistants sur la plaignante et touché au variateur de lumière pour changer l’atmosphère de la pièce.
Selon l'avocate de Sandrine Josso, sa cliente a été "prise de malaises après avoir bu une coupe de champagne", puis a vu le sénateur "se saisir d'un petit sachet en plastique contenant quelque chose de blanc, dans un tiroir de sa cuisine". En garde à vue et lors d'une confrontation avec son accusatrice, il a réfuté cette version selon BFMTV, et a expliqué, dans une période stressante, avoir eu un ami qui lui a fourni un "euphorisant". Selon lui, il se serait préparé un verre avec cette poudre, lundi, avant de le remettre dans un placard sans l'avoir bu. C'est dans ce verre qu'il aurait, sans faire attention, préparer une boisson pour la députée.
Ce vendredi, les tests effectués sur le sénateur ont prouvé la présence d'amphétamines, d'opiacées, de cannabis, de cocaïne, de méthadone et de MDMA, dans son sang, a révélé BFMTV. Au domicile de l'accusé, les enquêteurs ont retrouvé de l’ecstasy. Devant la police, il a réfuté être un usager de drogues.
Des analyses toxicologiques positives
Mais les faits ne s’arrêtent pas là. La députée a également expliqué aux enquêteurs que "vingt minutes après avoir bu un petit peu du verre qu’il lui avait préparé, elle commence à se sentir mal". "Elle a des sueurs froides et son cœur s’emballe." Apeurée, la victime aurait alors immédiatement pris la fuite en taxi vers 22 heures pour retourner à l’Assemblée nationale pour demander de l’aide à deux de ses collègues. Les pompiers se sont rendus sur place, constatant d'ailleurs que la femme avait les pupilles très dilatées et que son cœur était effectivement en train de s’emballer. Transportée à l’hôpital Lariboisière, des analyses toxicologiques ont été menées et ont confirmé la présence d’ecstasy dans son organisme.
"Nous sommes fort loin de l'interprétation scabreuse que l’on peut déduire à la lecture des premiers articles de presse", a déclaré de son côté l’avocat de l’accusé qui l’assure : "L’honneur de Joël Guerriau sera rétabli."
De son côté, la réponse du parti Horizons ne s'est pas faite attendre. Mis à pied "immédiatement" par le parti fondé par l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, un communiqué de presse publié samedi 18 novembre précise que : "Les membres du Bureau politique d’Horizons ont été profondément choqués par les faits à l’origine des accusations portées à l’encontre du sénateur Joël Guerriau. S’ils sont avérés, les faits évoqués sont très graves et absolument inacceptables. Horizons ne tolérera jamais la moindre complaisance vis-à-vis des violences sexuelles et sexistes."
publié le 18 novembre à 11h30, Inès Cussac, 6Medias