Crise en Nouvelle-Calédonie : pour Manuel Valls, Emmanuel Macron a fait preuve d’un "entêtement imbécile, irresponsable et criminel"
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L’ancien Premier ministre estime que les mesures prises par Michel Barnier pour calmer les émeutes « vont dans le bon sens », dans une interview pour Le Parisien, vendredi 8 novembre 2024. Il pointe toutefois du doigt la responsabilité du président.
Alors que les présidents des deux chambres du Parlement, Yaël Braun-Pivet (Assemblée nationale) et Gérard Larcher (Sénat) se rendent en Nouvelle-Calédonie ce week-end, Manuel Valls a expliqué, dans une interview pour Le Parisien, vendredi 8 octobre 2024, que "la méthode engagée par Michel Barnier va dans le bon sens". Le nouveau Premier ministre a en effet reporté les élections provinciales et mis de côté la réforme constitutionnelle. Cette dernière devait permettre d'élargir le corps électoral des trois provinces calédoniennes aux résidents français présents depuis plus de dix ans en Nouvelle-Calédonie. Pour les Kanaks, cette mesure ferait perdre du poids électoral aux locaux, face aux expatriés de la métropole.
Manuel Valls s’en prend en revanche à Emmanuel Macron, qui n’aurait "pas écouté, dans un entêtement imbécile, irresponsable et criminel", en maintenant le texte constitutionnel coûte que coûte. Le président de la République aurait ainsi ruiné "36 années de dialogue et de progrès", que Manuel Valls estime, en tant que Premier ministre entre 2014 et 2016, avoir lui-même contribué à maintenir.
Un dialogue primordial
S’il pense que la révision des listes électorales est nécessaire, elle doit toutefois s’établir dans l’accord et le consensus avec les différents acteurs calédoniens, afin de "reconstruire ce destin commun". Le dialogue doit primer avec les 33 maires de l’archipel, mais aussi avec la jeunesse et les acteurs économiques et sociaux de Nouvelle-Calédonie, "pour faire baisser la tension et retrouver la confiance. (...) Il faut évidemment engager un dialogue tous azimuts pour repenser l’avenir de la Nouvelle-Calédonie", a-t-il assuré au Parisien. L’ancien Premier ministre de François Hollande cible deux priorités : "Le rétablissement de la sécurité après des violences inacceptables et la reconstruction économique".
Les émeutes en Nouvelle-Calédonie ont débuté le 13 mai dernier, avec l’annonce du projet de réforme constitutionnelle sur le corps électoral. Depuis l'accord de Nouméa, l’archipel avait en effet une disposition électorale unique : seuls les résidents présents en Nouvelle-Calédonie avant 1998 avaient le droit de participer aux élections provinciales. Les émeutes qui se prolongent depuis ont fait treize morts, dont deux gendarmes, et des centaines de blessés depuis le mois de mai.
publié le 9 novembre à 22h07, Auguste Breton, 6Medias