Mort de Philippine dans le bois de Boulogne : condamné pour viol et sous OQTF, pourquoi le suspect était-il en liberté ?
© Capture d'écran BFMTV - Philippine, retrouvée enterrée au bois de Boulogne samedi.
Le corps sans vie d'une étudiante de 19 ans a été retrouvé enterré dans le bois de Boulogne, à Paris, samedi 21 septembre. Le tueur présumé est un ressortissant marocain, déjà condamné pour un viol en 2019, qui était visé par une OQTF. Faute d’une réponse du Maroc pour son expulsion, il avait été libéré début septembre, rapporte Le Parisien, mercredi 25 septembre.
L'enquête sur la mort de Philippine, une étudiante de 19 ans dont le corps sans vie a été retrouvé au bois de Boulogne, samedi 21 septembre, progresse. Mardi 24 septembre, un homme de 22 ans suspecté du meurtre a été arrêté à Genève, en Suisse. Le parquet a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire notamment pour homicide et viol. De nationalité marocaine, le suspect est défavorablement connu des services de police pour une condamnation à sept ans de prison après un viol commis en 2019, alors qu'il est âgé de 17 ans. Visé par une OQTF (Obligation de quitter le territoire français) avec interdiction de retour en France pendant 10 ans, il avait finalement été libéré au début du mois de septembre.
Comme l'explique Le Parisien, mercredi 25 septembre, la France a tenté à trois reprises, durant la rétention administrative du suspect, de l'expulser vers son pays d'origine, le Maroc. Mais les demandes sont restées sans retour de la part du royaume. À la quatrième demande, une juge avait fini par le remettre en liberté, seize jours avant la mort de Philippine. "Là, on en parle à cause d’un terrible fait divers mais c’est ni plus ni moins que l’application de la loi", déplore une source judiciaire auprès de nos confrères. Le délai de rétention administrative est de 60 jours en France. Il peut être prolongé, par trois fois en l'occurrence pour le suspect, mais la justice a fini par le libérer, faute de réponse du Maroc, car l’administration française "ne peut établir" qu’elle arrivera d’ici 15 jours à obtenir le fameux laissez-passer vers son pays d'origine, explique Le Parisien.
La gauche évoque des "erreurs fatales"
Cette affaire ne manque pas de faire réagir dans les rangs de la classe politique. "Tous les instruments juridiques existaient (...) Le sujet c'est de savoir si on a bien les moyens, la communication pour que la loi soit appliquée", a estimé la ministre de la Transition écologique, Agnes Pannier-Runacher, mercredi 25 septembre, sur TF1. Le sujet n'est pas de "renforcer des mesures législatives", a-t-elle également estimé. "La justice fait son travail mais malheureusement il y a parfois, comme dans toutes les administrations, dans toutes les activités humaines, des erreurs qui sont fatales", a commenté Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS), sur BFMTV-RMC.
Invité de la matinale de franceinfo, François Hollande a quant à lui estimé que le suspect n'a pas été expulsé suffisamment rapidement vers son pays d'origine, après sa sortie de prison. "C’est le problème des OQTF : il faut que ça aille le plus vite possible", a estimé l'ancien chef de l'État. La députée (NFP) de Paris, Sandrine Rousseau, évoque sur X un "féminicide" qui "mérite d’être jugé et puni sévèrement", tout en alertant sur une tentative de "récupération" de "l'extrême-droite".
La droite et l'extrême-droite en colère
Sur la droite et l'extrême-droite de l'échiquier politique, plusieurs personnalités ont laissé éclater leur colère après ce drame. "Notre justice est laxiste, notre État dysfonctionne, nos dirigeants laissent les Francais vivre avec des bombes humaines. Il est temps que ce gouvernement agisse : nos compatriotes sont en colère et ne vont pas se payer de mots", a écrit Jordan Bardella, le président du Rassemblement national (RN), sur X. "Nous avons un certain nombre d'interrogations sur le fonctionnement, à certains moments, de la chaîne pénale. On est en droit de se poser des questions", a déclaré auprès de France Inter le président du Sénat, Gérard Larcher.
"Combien de temps encore?", s'interroge aussi sur X Éric Ciotti, qui énumère les différents dysfonctionnements ayant selon lui mené à cette tragédie: "Un migrant en situation irrégulière, sous OQTF non exécutée, criminel récidiviste, violeur en liberté", écrit le député des Alpes-Maritimes. "Ce crime est abominable et l’on ne peut qu’être révolté par cette vie volée", a réagi sur X le nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui annonce vouloir "faire évoluer notre arsenal juridique".
publié le 25 septembre à 11h15, Quentin Marchal, 6Medias