France

Colmar : la traduction en allemand des rues ravive les souvenirs du nazisme, les habitants en colère

Alors que ce projet avait pour vocation de promouvoir le "bilinguisme franco-allemand", il a fait émerger chez certains administrés les souvenirs d'une époque sombre où la commune du Haut-Rhin était occupée par les nazis, rapporte Le Parisien.

Des habitants stupéfaits. Alors qu’il y a plusieurs semaines, une commission de la ville de Colmar (Haut-Rhin) a pris la décision de traduire le nom de certaines rues en allemand, l’initiative a été accueillie froidement par plusieurs administrés, qui revivent, pour certains, des épisodes traumatiques de l’occupation nazie. "Je ne pensais pas que certains de mes administrés seraient heurtés par ce choix, mais je l’entends", a ainsi expliqué Éric Straumann, le maire de la commune haut-rhinoise, dans les colonnes du Parisien, vendredi 1erdécembre. L’initiative repose pourtant sur la promotion du "bilinguisme franco-allemand", dans cette ville située "à quinze kilomètres de la frontière", rappelle l’édile.

Une consultation citoyenne pourrait être lancée

Sa crainte : que d’ici quelques années, "les jeunes Allemands et Français n’échangeront qu’en anglais alors que l’on se trouve en Alsace", a-t-il expliqué dans les colonnes de nos confrères. Pour parer à cette disparition potentielle de ces conversations franco-allemandes, divers panneaux écrits en "Hochdeutsch", ont été érigés dans la ville. "La langue alsacienne est en réalité un dérivé du dialecte germanique Hochdeustch, littéralement haut-allemand", souligne le vice-président de la Société d’histoire et d’archéologie d’Alsace, Jean-Marie Schmitt qui précise toutefois que "son utilisation appartient aux historiens".

En effet, l’usage de cette langue n’est pas anodin et renvoie à la période sombre du nazisme. "Je suis née sous l’occupation nazie alors quand je lis ces appellations de rue en allemand, ça me fait froid dans le dos", se souvient une habitante octogénaire auprès du média. Un avis partagé par plusieurs Colmariens, mais qui fait aussi grincer des dents. "Les plaques sont écrites à la fois en allemand et en français, donc cessons de nous retourner systématiquement sur notre passé", estime ainsi un travailleur frontalier habitant à Colmar. Selon lui, "ces traductions en allemand doivent permettre aux jeunes générations de se familiariser avec la langue germanique", un atout s’ils souhaitent travailler en Allemagne. Une consultation citoyenne pourrait être lancée prochainement afin de clore la polémique.

publié le 1 décembre à 19h15, Nathan Hallegot, 6Medias

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