France

Artisans vieillissants, prix de la viande… Paris a perdu la moitié de ses boucheries-charcuteries

En vingt ans, 50 % des boucheries-charcuteries de la capitale ont fermé leurs portes, annonce Le Parisien. L’âge des artisans n’est pas l’unique raison de cette évolution.

Au cours des deux dernières décennies, la capitale a perdu près de 50% de ses boucheries et ses boucheries-charcuteries. Selon un rapport de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), cela équivaut à quinze magasins en moins chaque année, a chiffré Le Parisien, dimanche 14 avril. Si bien qu’en 2023, il ne restait que 485 pas-de-porte, soit une boucherie pour 4 000 habitants. Plusieurs raisons expliquent cette évolution. "La moyenne d’âge des patrons bouchers est de plus en plus élevée, et nombreux sont ceux qui partent à la retraite sans trouver de repreneurs. Les différentes crises sanitaires que la filière a subies (vache folle, grippe aviaire…) et le moindre engouement des consommateurs pour la viande se ressentent aussi", souligne le rapport.

Les boucheries installées dans les grandes surfaces ont peu à peu amélioré la qualité de leurs produits. Si bien qu’elles sont devenues de vraies concurrentes. Enfin, la hausse du prix de la viande participe également au déclin des artisans indépendants. Installé dans le 17e arrondissement de Paris, un artisan cherche un repreneur depuis cinq mois. Natif de Picardie, il estime que la situation n’est pas comparable en dehors de Paris. "À la campagne, il y a un vrai attrait pour le boucher."

Le télétravail a changé la donne

"Dans la capitale, depuis le Covid et le télétravail, nos clients partent le jeudi soir et ne reviennent que le lundi. Ils n’ont que trois jours pour consommer à Paris", explique-t-il. Et selon lui, les Parisiens ne rentrent pas les mains vides de leurs week-ends. Le résultat est sans appel : le chiffre d’affaires est en baisse depuis trois ans. Ce qui impacte directement la valeur de son commerce.

Véronique Langlais préside le syndicat des bouchers de Paris. Sa vision d’ensemble lui permet de dire au Parisien que "ceux qui ferment sont usés, l’état d’esprit général n’est pas bon… Les anciens qui ne se sont pas adaptés à l’évolution des consommateurs, qui se tournent plus vers les produits transformés d’un traiteur ou la rôtisserie, et n’acceptent pas les titres-restaurants, sont les plus en difficulté".

publié le 15 avril à 11h40, Cathy Gerig, 6Medias

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