Politique

Venezuela: le président Maduro investi pour un 3ème mandat, "un coup d'Etat" selon l'opposition

  • Un avis de recherche de l'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia placardé sur un poteau à Caracas, le 8 janvier 2025
    ©Pedro MATTEY, AFP - Un avis de recherche de l'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia placardé sur un poteau à Caracas, le 8 janvier 2025
  • Un avis de recherche de l'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia placardé sur un poteau à Caracas, le 8 janvier 2025
    ©Pedro MATTEY, AFP - La cheffe de l'opposition vénézuélienne lors d'un discours à Caracas, le 9 janvier 2025.
  • Un avis de recherche de l'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia placardé sur un poteau à Caracas, le 8 janvier 2025
    ©Pedro MATTEY, AFP - Une affiche "A bas la dictature" lors d'une manifestation de l'opposition vénézuélienne à Caracas, le 9 janvier 2025.
  • Un avis de recherche de l'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia placardé sur un poteau à Caracas, le 8 janvier 2025
    ©Federico PARRA, AFP - Le président vénézuélien Nicolas Maduro arrive à l'Assemblée nationale le 10 janvier 2025 à Caracas pour être investi pour un troisième mandat.
  • Un avis de recherche de l'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia placardé sur un poteau à Caracas, le 8 janvier 2025
    ©Juan BARRETO, AFP - Haie d'honneur de gardes à l'extérieur de l'Assemblée nationale vénézuélienne à Caracas le 10 janvier 2025, jour de la cérémonie d'investiture du président Nicolas Maduto pour un troisième mandat.
  • Un avis de recherche de l'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia placardé sur un poteau à Caracas, le 8 janvier 2025
    ©JHONN ZERPA, AFP - Nicolas Maduro, avec autour cou de l'écharpe présidentielle lors de son investiture vendredi 10 janvier

"Je le jure": le président vénézuélien sortant Nicolas Maduro, fort du soutien de l'armée et d'une administration aux ordres, a prêté serment vendredi pour un troisième mandat de six ans lors d'une cérémonie qualifiée de "coup d'Etat" par l'opposition et dénoncée notamment par les Etats-Unis et l'Union européenne.

"Je jure que ce nouveau mandat présidentiel sera celui de la paix, de la prospérité, de l'égalité et de la nouvelle démocratie", a-t-il lancé devant le président de l'Assemblée Jorge Rodriguez qui a ensuite déclaré: "Vous êtes investi comme président constitutionnel".

Une fois autour du cou l'écharpe présidentielle et le grand "collier de la clef de l'Arche", qui ouvre le sarcophage de Simon Bolivar, Maduro a insisté: "Dites ce que vous voulez, faites ce que vous voulez, mais cette investiture constitutionnelle (...) n'a pas pu être empêchée et est une grande victoire pour la démocratie vénézuélienne".

Nicolas Maduro a même plaisanté sur la présence de l'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia qui revendique la victoire au scrutin présidentiel et avait promis de prêter serment en lieu et place du président sortant.

Réagissant à un bruit qui a perturbé la cérémonie, M. Maduro a ironisé: "Quelqu'un est tombé ? Edmundo est arrivé ?", avant de poursuivre : "Comme j'attends son arrivée, je suis un peu nerveux".

La cérémonie, initialement prévue à midi, a été avancée d'une heure et demie, sans préavis. Elle a duré deux heures environ.

Nicolas Maduro est arrivé au Palais de l'Assemblée nationale vers 10H30 locales (14H30 GMT), passant entre une haie de soldats en tenue de gala. Il a longuement serré les deux mains du président cubain Miguel Diaz-Canel, l'un des rares chefs d'Etat présents avec le président nicaraguayen Daniel Ortega.

La plupart des personnalités du pouvoir, dont le ministre de l'Intérieur Diosdado Cabello ou le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez, personnages-clefs dans la répression des troubles post-électoraux, étaient aussi là.

"Un coup d'État a été accompli", a réagi l'opposition dans un communiqué publié, dénonçant une "usurpation du pouvoir par Nicolas Maduro (...), soutenu par la force brute et ignorant la souveraineté populaire exprimée avec force le 28 juillet".

"C'est Edmundo Gonzalez Urrutia qui doit être investi aujourd'hui ou demain (...) La volonté du peuple se fera respecter", conclut le texte.

Alfredo Romero, le président de l'ONG Foro Penal qui documente les détentions politiques au Venezuela, a rapporté vendredi pendant la cérémonie avoir recensé depuis le début de l'année "49 arrestations à des fins politiques, dont 42 depuis le 7 janvier. Et cela continue".

Les alentours de l'Assemblée dans le centre de Caracas étaient quadrillés par les forces de l'ordre tandis que la télévision publique diffusait des images de centaines de partisans de M. Maduro défilant dans les rues.

-"Simulacre"-

Les Etats-Unis ont rapidement dénoncé un "simulacre" et imposé de nouvelles sanctions contre Caracas, portant notamment à 25 millions de dollars la récompense pour toute information permettant de traduire le dirigeant vénézuélien en justice.

"Aujourd'hui, Nicolas Maduro a organisé une inauguration présidentielle illégitime au Venezuela dans une tentative désespérée de s'emparer du pouvoir", a estimé le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

Londres a qualifié Nicolas Maduro d'"illégitime" et a imposé des sanctions contre quinze personnes-clefs du pouvoir.

M. Maduro n'a "aucune légitimité démocratique", a réagi pour sa part la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.

La cérémonie d'investiture intervient au lendemain de manifestations de l'opposition qui conteste la victoire du chef de l'État socialiste de 62 ans à l'élection du 28 juillet, dont la proclamation a été suivie de troubles meurtriers et de milliers d'arrestations.

Après la cérémonie d'investiture, le Secrétaire général de l'ONU a demandé, selon son porte-parole, la libération de toutes les personnes "détenues arbitrairement".

Edmundo Gonzalez Urrutia a répété jeudi, en République dominicaine, qu'il était le "président élu". Sans faire plier celui qui a succédé en 2013 à Hugo Chavez et dirige depuis le Venezuela d'une main de fer.

- L'armée, pilier du pouvoir -

Jeudi, le pouvoir avait appelé à une marche de soutien au président Maduro dans la capitale, alors que l'opposition avait organisé une manifestation au cours de laquelle sa cheffe, Maria Corina Machado, qui vit dans la clandestinité depuis le scrutin, est apparue pour la première fois en public depuis août. "Nous n'avons pas peur !", ont scandé des milliers de manifestants.

Une certaine confusion a marqué la fin de journée, quand l'opposition a annoncé la "violente" arrestation de sa cheffe Maria Corina Machado, puis sa libération.

Le pouvoir a démenti cette version des faits, le procureur général Tarek William Saab dénonçant "une opération psychologique en vue de déclencher la violence au Venezuela".

Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé M. Maduro vainqueur avec 52% des voix mais sans publier les procès-verbaux, se disant victime d'un piratage informatique, une hypothèse jugée peu crédible par de nombreux observateurs.

L'annonce du CNE avait provoqué dans tout le Venezuela des manifestations, durement réprimées. Bilan des troubles post-électoraux : 28 morts, plus de 200 blessés et 2.400 personnes arrêtées pour "terrorisme".

publié le 10 janvier à 18h46, AFP

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