Politique

Gouvernement, budget: Bayrou consulte et compose

  • Le Premier ministre François Bayrou parle aux journalistes après une réunion de crise sur Mayotte, à Paris le 14 décembre 2024
    ©STEPHANE DE SAKUTIN, AFP - Le Premier ministre François Bayrou parle aux journalistes après une réunion de crise sur Mayotte, à Paris le 14 décembre 2024
  • Le Premier ministre François Bayrou parle aux journalistes après une réunion de crise sur Mayotte, à Paris le 14 décembre 2024
    ©Alain JOCARD, AFP - Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon avant le vote à l'Assemblée nationale sur la motion de censure du gouvernement de l'ex-Premier ministre Michel Barnier, le 4 décembre 2024
  • Le Premier ministre François Bayrou parle aux journalistes après une réunion de crise sur Mayotte, à Paris le 14 décembre 2024
    ©Ludovic MARIN, AFP - Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure à l'Assemblée nationale, le 6 février 2023
  • Le Premier ministre François Bayrou parle aux journalistes après une réunion de crise sur Mayotte, à Paris le 14 décembre 2024
    ©Alain JOCARD, AFP - Le chef de file des députés Droite républicaine (DR) Laurent Wauquiez avant le vote à l'Assemblée nationale de la motion de censure du gouvernement de l'ex-Premier ministre Michel Barnier, le 4 décembre 2024
  • Le Premier ministre François Bayrou parle aux journalistes après une réunion de crise sur Mayotte, à Paris le 14 décembre 2024
    ©LOU BENOIST, AFP - Le chef de file des députés macronistes et président du parti Renaissance Gabriel Attal à Matignon, à Paris, le 16 décembre 2024

François Bayrou a commencé lundi à consulter les forces politiques en même temps qu'il compose son gouvernement, en quête d'un chemin qui lui permettrait de faire passer, sans majorité, un budget, après le gel du précédent par la censure.

Le nouveau Premier ministre reçoit les groupes parlementaires de l'Assemblée nationale "par leur ordre d'importance" numérique dans cette chambre. A eux, ensuite, de décider de la composition de leur délégation.

Dans la soirée, il se rendra à Pau, la ville des Pyrénées-Atlantiques dont il est le maire depuis 10 ans, pour présider le conseil municipal, avec l'idée de conserver son mandat local.

Première reçue, la présidente du groupe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, accompagnée du chef du parti Jordan Bardella, a salué une "méthode plus positive" que son prédécesseur Michel Barnier, accusé de l'avoir reçue trop tardivement.

Elle a souhaité à cette occasion que le chantier du mode de scrutin à la proportionnelle, revendiqué aussi par François Bayrou, soit engagé "juste après le budget". Elle a aussi associé la proposition de la gauche de ne pas censurer le gouvernement si celui-ci n'utilise plus le 49.3, à des "tractations indignes".

François Bayrou s'est entretenu aussi avec Gabriel Attal, à la fois chef de file des députés macronistes et président du parti Renaissance, qui est ressorti sans un mot, son entourage expliquant qu'il souhaite être "une force facilitatrice, en soutien".

- Les socialistes sur leur "faim" -

Le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, accompagné par les chefs de groupe, Boris Vallaud pour l'Assemblée et Patrick Kanner pour le Sénat, est ressorti "sur (sa) faim" du rendez-vous, lors duquel ils ont "beaucoup parlé" du pacte de non-censure, sans que l'échange soit "conclusif".

"Si c'était pour avoir la même politique, nous le censurerions de la même façon", a-t-il prévenu.

L'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin leur a recommandé de "rester dans l'opposition", mais de ne pas faire un "usage mécanique de la censure" pour que le gouvernement Bayrou "dure".

La France insoumise, qui a déjà promis la censure, a refusé de rencontrer François Bayrou, par "crainte" selon Jean-Luc Mélenchon "que tout ça soit à nouveau une comédie".

Parallèlement à ces consultations, qui se poursuivront mardi, le Premier ministre constitue son cabinet et peaufine son gouvernement qu'il veut resserré et dominé par des "personnalités" d'expérience.

François Bayrou, qui a revu dimanche soir le président, s'est défini comme "un Premier ministre de plein exercice et de complémentarité" avec le chef de l'Etat qui avait hésité jusqu'à la dernière minute à le nommer.

Il a choisi comme directeur de cabinet un proche, Nicolas Pernot qui a dirigé les services de la ville de Pau, dont M. Bayrou est maire. Son adjoint sera Pierre-Emmanuel Portheret, qui connaît bien aussi le chef du MoDem qu'il avait secondé à la Justice.

- France "à l'arrêt" -

François Bayrou n'a toutefois pas l'intention de batailler sur les postes régaliens, qui relèvent du domaine dit "réservé" au président, selon une source gouvernementale.

Le MoDem détient actuellement le ministère des Affaires étrangères, avec Jean-Noël Barrot.

Reste à savoir si Sébastien Lecornu, un fidèle d'Emmanuel Macron que le chef de l'État a hésité à nommer à Matignon, souhaite rempiler à son poste.

M. Bayrou a reçu vendredi le ministre de l'Intérieur sortant Bruno Retailleau (LR), à qui il a laissé le pilotage de la crise à Mayotte, touchée par un ouragan meurtrier, comme un gage de la poursuite de sa mission au gouvernement. Mais le maintien de ce ministre clivant divise.

L'ancien ministre de l'Industrie Roland Lescure, dont le nom avait aussi circulé pour Matignon, plaide lui pour "élargir" l'exécutif à des ministres socialistes, estimant que le pacte de non-censure "ne peut fonctionner que s'ils décident d'entrer au gouvernement".

La France insoumise met en balance l'union de la gauche: "toute personne qui rentrera dans ce gouvernement se mettra à distance de manière irrémédiable du Nouveau Front populaire", a prévenu son coordinateur Manuel Bompard sur TF1.

Le temps presse pour la formation du gouvernement car c'est lui qui portera le nouveau projet de loi de finances pour 2025, interrompu par la censure, alors que le déficit s'aggrave et que les agences de notation froncent les sourcils.

L'ex-commissaire européen Thierry Breton et le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, dont les noms circulent pour entrer dans l'exécutif, se sont tous deux inquiétés lundi "d'une France à l'arrêt" et réclamé un gouvernement pour s'attaquer au désendettement sans lequel "il n'y a pas d'avenir".

En l'absence de budget adopté dans les temps, les députés s'apprêtent à adopter une loi spéciale autorisant l'exécutif à prélever l'impôt et à emprunter pour financer l'Etat et la Sécurité sociale.

publié le 16 décembre à 14h20, AFP

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