Politique

Désobéissance civile : Sophie Binet recadre le ministre de la Justice

Le garde des Sceaux avait visé jeudi devant les députés, sans la nommer, l'extrême gauche d'être à l'origine de la désobéissance civile, notamment après les incidents de Sainte-Soline. La secrétaire générale de la CGT lui a répondu sèchement.

Interrogé jeudi 7 septembre par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, sur les violences commises à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, au mois de mars, Éric Dupond-Moretti n'avait pas mâché ses mots. Visant, sans la nommer, l'extrême gauche, le ministre de la Justice avait lâché : "J'en ai ras-le-bol de cette petite musique de la désobéissance civile. On sait d'où ça vient. C'est revendiqué." Il s'inscrivait en faux contre le comportement "liberticide" de certains qui disent : "On a le droit quand on est porteur d'une 'cause légitime' de ne plus obéir à la loi". Il visait donc notamment le collectif écologiste Les Soulèvements de la terre (SLT) qui revendique la désobéissance civile. Depuis, la dissolution du mouvement, qui avait été décrétée par le gouvernement, a été suspendue par le Conseil d'État.

Les propos du ministre de la Justice ont fait sortir de ses gonds la secrétaire générale de la CGT, explique l'AFP, que relaie Le Figaro. Quelques heures avant le procès des organisateurs des manifestations à Sainte-Soline, Sophie Binet lui a conseillé de "réviser son Histoire" parce que, selon elle, la désobéissance civile, "elle est par nature pacifique" et "à l'origine de nos principaux acquis sociaux et sociétaux". La responsable syndicale a ensuite enfoncé le clou, citant des causes qui n'auraient jamais été défendues sans la désobéissance civile : "l'apartheid", des "lois racistes aux États-Unis" et "les femmes (qui) n'auraient toujours pas le droit de vote".

"Nos libertés sont en danger"

S'offusquant de "comparaisons scandaleuses", Sophie Binet a tenu à rappeler au ministre que "la liberté, ce n'est pas d'obéir à la loi (...) c'est aussi d'agir et de dénoncer des lois injustes, dangereuses et scandaleuses". Elle s'en est pris plus globalement au gouvernement "multirécidiviste", coupable d'utiliser "contre nous l'arsenal répressif antiterroriste", alors qu'il a été "condamné pour inaction climatique". Et de compléter : "Nous ne sommes pas des écoterroristes." Quant au procès qui se tient à Niort, il s'agit d'un "cap dans la criminalisation de l'activité syndicale". Elle termine : "Nos libertés sont en danger, notre démocratie est en danger. Il faut que ça cesse immédiatement car on entend jour après jour un brouillage idéologique grave."

publié le 8 septembre à 17h10, Xavier Martinage, avec 6Medias

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