Politique

Bientôt maman, la maire de Poitiers ne touchera pas d'indemnités pendant son congé

Léonore Moncond’huy, élue en 2020 dans le chef-lieu de la Vienne, mettra son mandat en pause en mars prochain, après son accouchement. Cependant, elle ne percevra aucune indemnité pendant ces deux mois, rapporte France Bleu. Une suspension de salaire que David Lisnard, le président de l'Association des maires de France, juge "scandaleuse".

Maire et bientôt mère. Depuis 2020, Léonore Moncond’huy est à la tête du conseil municipal de Poitiers, dans la Vienne. L’élue âgée de 33 ans, membre des Écologistes, est en attente d’un heureux événement dans les prochaines semaines, vers la mi-mars plus précisément. C’est à ce moment-là, après son accouchement, que Léonore Moncond’huy va bénéficier d’un congé maternité et interrompre son mandat, du 15 mars au 15 mai, rapporte France Bleu mardi 20 février.

Jusqu’ici, rien d’inhabituel, si ce n’est que durant cette période d’absence, en sa qualité d’élue à plein temps, elle ne percevra aucune indemnité en lien avec son mandat, car aucune loi ne le stipule. "D'une part, comme elle n'a pas d'activité professionnelle à côté, puisqu'elle exerce son mandat à plein temps, elle va bénéficier des indemnités journalières de la Sécurité sociale. Mais ces indemnités ne sont pas cumulables avec les indemnités de ses fonctions d'élue, et donc le temps de son absence, ça se traduit, hélas, par une perte de revenus", explique ainsi Bastien Taloc, conseiller chargé des institutions à France urbaine, à France Bleu.

Cette suspension a été jugée "scandaleuse" par le président de l'Association des maires de France, David Lisnard (LR). "Il s'agit simplement qu'une femme maire, lorsqu'elle est enceinte, garde son indemnité d'élue, d'autant plus qu'elle garde la responsabilité pénale et la responsabilité civile de son mandat" durant cette période, a souligné le maire de Cannes sur le plateau de TF1, mercredi 21 février.

Les adjoints pour assurer l'intérim

Une situation inédite, qui pourrait cependant appuyer le passage de deux textes de loi qui seront prochainement présentés, souligne Le Parisien. Le premier, qui sera étudié en mars au Sénat, portera sur la création d’un statut d’élu local. Le second, déposé à l’Assemblée nationale, concerne quant à lui l’amélioration de la condition des élus, précise le quotidien francilien. "Ce sont deux propositions de loi transpartisanes pour faire évoluer le statut des élus. Mais il n'y a rien pour l'instant au sujet du congé maternité. On va donc proposer des amendements", a ainsi détaillé Léonore Moncond’huy, relayée par Le Monde.

Le dysfonctionnement lié aux indemnités n’est d’ailleurs pas le seul souci causé par cette situation, puisque la question de l’intérim pose également problème. Si Ombelyne Dagicour, première adjointe de Léonore Moncond’huy, va bien la suppléer, il a fallu composer : "J’ai un emploi à côté, donc j'ai dû prendre un mi-temps pour assurer l'intérim pendant cette période. Même chose pour le deuxième adjoint, Stéphane Allouch, qui lui aussi s'est arrangé pour avoir un peu plus de temps. On va assurer ces missions à deux."

publié le 21 février à 14h15, Théo Rampazzo, 6Medias

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