France

Traversée des migrants dans la Manche : l'enquête qui étrille les pratiques des forces de l'ordre

Dans une enquête publiée samedi 23 mars, Le Monde rapporte que les forces de l'ordre s'adonneraient à des manœuvres dangereuses en mer. L'objectif, empêcher les migrants de parvenir à traverser la Manche lors de leur exil.

Ce sont des révélations qui mettent à mal les services de police français. Dans une enquête publiée dans Le Monde samedi 23 mars et menée par le collectif de journalistes Lighthouse Reports, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel et le journal britannique The Observer, on y apprend que les forces de l'ordre françaises useraient de pratiques jugées dangereuses pour empêcher la traversée de migrants dans la Manche. Afin d'appuyer ses propos, le Monde s'appuie sur deux vidéos.

Sur la première datant du 9 octobre dernier, un semi-rigide de la police nationale tourne autour d'une embarcation de fortune dans le port de Dunkerque, allant jusqu'à déstabiliser ses occupants. Dans la seconde, diffusée sur le réseau social TikTok, là encore, un semi-rigide de la gendarmerie maritime cette fois, percute une embarcation de migrants souhaitant vraisemblablement rejoindre le Royaume-Uni au large de Boulogne-sur-Mer. L'un des gendarmes, muni d'une bombe lacrymogène ordonne alors aux passagers de s'arrêter.

Plusieurs témoignages accablants

Sollicitée à propos de ces deux vidéos, la préfecture de la zone de défense et de sécurité Nord a tenu à se justifier. "Le but de l'intervention est de dissuader les passagers de s'approcher de la digue du Braek. C'est la seule fois où on a pu intercepter un small boat par cette manœuvre et ça a été dissuasif", a-t-elle expliqué. En ce qui concerne la seconde vidéo, là encore, la préfecture l'assure : "Aucune action de coercition n'a été réalisée." Et d'ajouter : "(l'embarcation) a librement poursuivi sa route."

Outre ces vidéos accablantes qui étrillent des pratiques non conventionnelles des forces de l'ordre pour empêcher certains clandestins de traverser la Manche, le Monde révèle avoir recueilli plusieurs témoignages de migrants. Selon ces derniers, certains policiers iraient jusqu'à crever certains bateaux sur lesquels se trouvent des passagers. "À aucun moment de telles consignes ne sont données ni même suggérées aux équipes coordonnées", s'est encore justifiée la préfecture maritime qui précise que "la prévention de la vie humaine en mer est le seul crédo qui vaille".

Contactée par nos confrères, la Défenseure des droits indique quant à elle que des investigations sont en cours après quatre saisines sur des interceptions en mer au cours de l'année 2022 et 2023. L'inspection générale de la police nationale a quant à elle ouvert une enquête préliminaire pour des faits qui remontent à l'automne 2023.

publié le 24 mars à 17h45, Kévin Comby, 6Medias

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