France

Pourquoi l’hommage national à Gisèle Halimi suscite-t-il une polémique

Un des fils de l’avocate féministe et des représentants d'associations boycotteront l’hommage. Ils estiment que le moment est très mal choisi, puisque le projet de réforme des retraites fait débat et n’est pas favorable aux femmes.

Il y a un temps pour tout et le 8 mars 2023 ne serait pas un jour adéquat pour rendre hommage à Gisèle Halimi. Pour l’un de ses fils, Serge Halimi, ou encore l’association Choisir la cause des femmes, fondée par Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir en 1971, il s’agit là d’une instrumentalisation politique. Franceinfo rapporte que plusieurs raisons sont à l’origine de cette vision de la volonté d’Emmanuel Macron de rendre un hommage national à l’avocate et militante féministe. “Le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste, dont les femmes qui occupent les métiers les plus difficiles seront les premières victimes. Ma mère aurait défendu leur cause et manifesté à leurs côtés”, résume Serge Halimi, qui ne participera pas à la cérémonie, programmée à 14 h. Si du côté de l’Élysée on affirme que la date avait été choisie bien en amont, celui-ci assure avoir été averti par SMS le 1er mars.

“Cela nous choque”

Un avis partagé par Violaine Lucas, la présidente de Choisir la cause des femmes. “Les membres du bureau se sont dits à l'unanimité que Gisèle Halimi n'aurait jamais accepté une chose pareille. Le président de la République met en place une réforme des retraites qui va pénaliser les femmes, donc on ne peut pas s'associer à cet hommage et cela nous choque”, commente-t-elle. Et de préciser à franceinfo qu’Anne Tonglet, l’une des femmes défendues par Gisèle Halimi en 1978 lors du procès d’Aix-en-Provence, qui a ouvert la voie à la légalisation de l'avortement en France, n’assistera pas non plus à l’hommage. Elle s’est dite “déçue de tant de mépris”. L’association n’a été avertie que le 2 mars, alors qu’elle avait déjà un événement au Parlement européen prévu le 8 mars.

Un hommage deux fois repoussé

Organisée au palais de justice de Paris, la cérémonie avait d’abord été programmée dans la cour des Invalides. Un lieu jugé inadapté par plusieurs membres de la famille, en raison de son caractère militaire. Serge Halimi regrette également qu’il ait fallu autant de temps pour trouver une date. “La décision de l’Élysée intervient après plus de deux ans de tergiversations.” Depuis la mort de Gisèle Halimi à l’âge de 93 ans, le 28 juillet 2020, Emmanuel Macron cherche le moment et l’endroit les plus opportuns pour lui rendre hommage. Repoussé une première fois en 2020, il avait été un temps question de l'organiser au début de l’année 2022.

“Un temps de rassemblement”

Du côté de l’Élysée, on explique que le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, “fait écho aux combats menés par Gisèle Halimi”. “Un hommage national est toujours un temps de rassemblement, de communion, de dépassement de tous les clivages politiques”. Enfin, en s’appuyant sur une déclaration de Serge Halimi au Monde, un conseiller déclare que “Serge Halimi s'est toujours désintéressé de cet hommage”. Il avait expliqué que la mémoire de sa mère pouvait “parfaitement se dispenser d’un discours d'hommage d’Emmanuel Macron”.

publié le 8 mars à 08h03, Orange avec 6Medias

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