France

Nice : le calvaire des habitants d’une tour, terrorisés par les trafiquants de drogue

Depuis plusieurs années, les habitants de la cité Bon Voyage, à Nice, sont les victimes du règne de trafiquants de drogues. Le collectif Mercantour se bat pour que les autorités interviennent, rapporte Le Figaro.

Trafic de drogue, dégradations, insultes, menaces… Tel est le quotidien des habitants d’une partie de la cité Bon Voyage, située au nord-est de Nice. Depuis plusieurs années, des trafiquants de drogues ont installé leur business au pied de la tour 21 Mercantour et vendent quotidiennement leurs marchandises : cocaïne et cannabis, rapporte Le Figaro. Tout cela sous le nez des habitants, résignés, voire effrayés. “Nous sommes terrorisés, aidez-nous”, lancent des habitants dans un courrier au Figaro. “On est victimes d’une mafia comme dans les villes de basse Sicile”, déplore un autre résident.

Des habitants résistent

Si la majorité des habitants n’osent pas protester contre les trafics, une poignée d'irréductibles locataires se refusent à la résignation. Il s'agit du collectif Mercantour. Créé en 2019, il réunit une dizaine de familles qui ne souhaitent qu’une chose : retrouver le calme et la sécurité dans leur immeuble. "L'anonymat est notre ultime protection", assure l’un des membres du collectif, qui craint des “représailles gravissimes". “On risque du vandalisme et plus grave, des menaces, être blessés ou tués”, assure-t-il encore.

“Les petits dealers d'il y a quelques années ont laissé place à des gangs violents, irrespectueux et armés", ajoute cet homme, qui est confronté, comme tous les autres habitants, à une présence constante de ces individus, craints dans tout le quartier. “Ils installent des chaises à l'entrée de la tour et sont assis du matin au soir. La femme de ménage ne leur dit rien et passe le balai entre leurs chaises pour ne pas les déranger”, poursuit-t-il. Il indique également à nos confrères que lorsque les dealers ne connaissent pas une personne qui entre dans l’immeuble, ils effectuent des fouilles corporelles, demandent d’ouvrir les sacs et suivent la personne concernée jusqu’à sa destination.

De nombreuses dégradations

“J'ai très peur ici. Je n'ai jamais été agressée ni menacée directement, mais c'est l'angoisse en permanence”, confie à nos confrères une résidente septuagénaire. De nombreux habitants de la tour aimeraient déménager, mais leurs faibles revenus ne leur permettent pas de l’envisager.

Outre les trafics, les menaces et les dangers, les habitants doivent également subir des dégradations, dont certaines qui leur rendent la vie difficile. Les malfrats qui ont pris possession de la tour malmènent régulièrement les ascenseurs. Ceux-ci sont donc souvent hors service. Il y a quelques mois, les dealers ont en effet réalisé des tags antisémites, racistes et anti-police à l’entrée de l’immeuble. “Ils sont restés plusieurs jours avant qu'on les efface, c'est scandaleux”, peste le membre du collectif Mercantour.

D’après le collectif, les dealers ont également mis la tour dans un état déplorable et couvert les plafonds de brûlures de cigarettes. “Les escaliers sont sales, les étages sont dans un état lamentable, tout est rempli de tags et de graffitis, certains ne voulant rien dire, d'autres affichant les prix des drogues. Et d'autres les plaques d'immatriculation des voitures banalisées de la police”, reprend-il.

Plusieurs interpellations

Les autorités ont expliqué à nos confrères bien connaître l’insécurité ambiante de la tour. Depuis juin 2020, le groupe local de traitement de la délinquance travaille sur ce point de deal identifié, indique Xavier Bonhomme, le procureur de la République de Nice, qui insiste également sur le fait que les interpellations du quartier sont quotidiennes. Il précise d’ailleurs à nos confrères que quatre individus suspectés de participer à la gestion du trafic dans la tour ont été interpellés début mars. Trois d’entre eux ont été déférés et écroués en attente de leur jugement prévu le 19 avril.

A plusieurs reprises, le premier adjoint au maire de Nice et président du bailleur social Côte d’Azur Habitat a souhaité rencontrer les habitants de l’immeuble. Mais ceux-ci, apeurés par d’éventuelles représailles et la résiliation de leur contrat, ont refusé. “J'ai face à moi des gens qui ne veulent pas me rencontrer. Je crains que ce ne soit qu'une instrumentalisation à des fins politiques ! Quand on parle de mafia dans laquelle serait associée Côte d'Azur Habitat, je pense que ce sont des gens qui ne sont pas très bien éclairés”, s’agace-t-il. De son côté, le collectif Mercantour dénonce “la complaisance, la passivité et la complicité de certains agents du bailleurs qui ne disent rien et ne font remonter aucune information.”

publié le 9 avril à 11h05, Orange avec 6Medias

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