"Des jeunes filles marquées pour la vie", une lettre de 1964 accable l’abbé Pierre
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Une lettre sortie exceptionnellement des archives de la Conférence des évêques de France met en lumière la protection dont l’abbé Pierre a fait l’objet au sein de l’Église. Il y est décrit comme "un grand malade mental", révèle RTL.
Les révélations concernant l’abbé Pierre ne cessent d’apparaître. Dans un dossier sorti des archives de la Conférence des évêques de France, dévoilé sans attendre les 75 ans habituels, une lettre dénonce les agissements du fondateur d’Emmaüs. La photocopie, consultée par RTL, date des années 1960 et est de très mauvaise qualité. Si certains passages sont illisibles, un spécialiste a pu déchiffrer certains passages édifiants, qui mettent en avant la protection dont a profité l’abbé Pierre concernant son comportement avec les femmes.
La lettre a été écrite par Monseigneur Veuillot, archevêque coadjuteur de Paris, à l’attention du cardinal de Montréal après une visite écourtée du fondateur d’Emmaüs au Québec. Elle a été rédigée le 13 mars 1964, 10 ans après l’appel de 1954, alors que la popularité de l’abbé Pierre était à son paroxysme. Monseigneur Veuillot alerte alors sur les "faiblesses" de l’homme d’église et le décrit comme "un grand malade mental" qui a perdu "tout contrôle de soi après les livres à succès." Il parle également de "jeunes filles [...] marquées pour la vie".
L’abbé Pierre devait constamment être escorté
Dans cette lettre édifiante, on se rend compte que les agissements de l’abbé Pierre étaient bien connus de l’Église et surtout que le mot était passé à travers le monde pour l’encadrer. Dans la lettre, Monseigneur Veuillot explique que les '‘accidents’ [agressions sexuelles et viols, NDLR] ne se produisent pas quand il a un guide qui se charge de lui", mais que l’homme d’église tente d’"échapper aux contrôles et aux soins". Il fallait alors "l’escorter de près" et surtout "ne pas le perdre de vue" mais sans "le briser psychologiquement".
Malgré la mise en place de consignes spécifiques à l’abbé Pierre, comme des "autorisations" obligatoires à chacun de ses déplacements, avec l’aval de l’évêque référent et de la ville dans laquelle il devait se rendre, le fondateur d’Emmaüs a pu continuer ses agissements jusqu’au début des années 2000. Pour rappel, il est accusé de viols et d’agressions sexuelles par 24 femmes.
publié le 25 septembre à 09h05, 6Médias