Faits divers

Affaire abbé Pierre : "Quelques évêques" étaient au courant depuis 70 ans, admet le président des évêques de France

© Baril Pascal/ABACA - L'abbé Pierre est décédé en 2007, il est accusé de nombreuses agressions sexuelles.

Dans le sillage du pape François, le président des évêques de France, Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, a reconnu dans Le Monde ce lundi 16 septembre que "quelques évêques" étaient au courant des agissements de l'abbé Pierre depuis 70 ans.

Après l'enchaînement de révélations autour des agissements de l'abbé Pierre, dénoncé par ses victimes présumées, qui l'accusent de divers abus sexuels allant jusqu'au viol, l'heure est aux clarifications. L'Église savait-elle, et depuis quand, interrogent de concert la presse et les associations. Dans une tribune publiée ce lundi 16 septembre dans Le Monde, Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, le président des évêques de France, a reconnu, comme le pape avant lui, que "quelques évêques au moins" avaient été au courant "dès 1955-1957" de ces faits.

"Une réaction forte" de l'Église

"Il est désormais établi que, dès 1955-1957, quelques évêques au moins ont su que l’abbé Pierre avait un comportement grave à l’égard des femmes", écrit Mgr de Moulins-Beaufort. L'archevêque de Reims évoque les "mesures prises" alors par l'Église pour encadrer le prêtre, dont "une cure psychiatrique", et "un adjoint (socius) imposé à l'abbé Pierre" pour le surveiller.

"On peut les juger insuffisantes, on peut regretter qu’elles aient été gardées très confidentielles. Elles représentent cependant une réaction forte au regard des manières de faire de ce temps", souligne l'évêque.

Surveillé de près

Ces mesures prises au milieu des années 1950 contre le fondateur d'Emmaüs ont été détaillées par franceinfo le 9 septembre, correspondance à l'appui. On y apprend que l'abbé Pierre, déjà reconnu pour son action sociale, réagissait violemment aux accusations portées contre lui, et que son isolement dans une clinique en Suisse avait été soutenu par des cadres d'Emmaüs. "Il semble que l’abbé Pierre se soit ingénié à tromper cette surveillance", commente à ce propos Mgr Éric de Moulins-Beaufort, qui souhaite "faire la lumière" sur cette période et ces décisions, rappelant que "la Conférence des évêques de France a décidé de lever le délai de communicabilité des archives" concernant l'abbé Pierre.

publié le 16 septembre à 12h54, Joanna Wadel, 6Medias

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