Commando armé au péage d’Incarville : Mohamed Amra, un fugitif au rapport d’inspection de 70 pages
© ABACA - Impliqué dans plusieurs règlements de comptes dans la région de Marseille (Bouches-du-Rhône), les murs de sa prison ne constituent pas un frein dans ses activités illégales.
Deux mois après l’évasion ultra-violente de Mohamed Amra, Le Parisien a pu consulter un document de l’inspection générale de la justice qui permet de retracer la mue éclair de ce "petit trafiquant normand" devenu "narco", sans alerter les soupçons de l’administration pénitentiaire.
Qui aurait pu prédire l’évasion de Mohamed Amra ? Au regard d’un rapport de l’IGPN, commandé par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti à l’inspection générale de la justice après l’attaque d’un fourgon pénitentiaire qui transportait le détenu, il y a eu un véritable "déficit" de communication entre les différentes autorités judiciaires, pénitentiaires et les enquêteurs dans cette affaire. En feuilletant les 70 pages de ce document, nos confrères du Parisien ont pu lire 17 recommandations émises par les auteurs du texte dans le but d’éviter que ce type de se situation ne se reproduise. Toujours recherché, le principal suspect avait disparu à proximité du péage d'Incarville (Eure), en présence des hommes du commando qui avaient abattu deux agents pénitentiaires.
Le partage d’information, une priorité
Parmi les indications formulées, il est recommandé aux magistrats de communiquer davantage entre eux. En effet, si des informations judiciaires avaient été ouvertes au sujet de Mohamed Amra à Marseille et à Rouen, aucun échange entre les deux services n’avait permis de mettre en lumière la dangerosité et l’envergure criminelle du fugitif. "Ce rapport doit permettre de répondre au besoin impérieux d’améliorer le partage d’information entre les services enquêteurs, l’autorité judiciaire, l’administration pénitentiaire et les services de renseignement", a ainsi observé le garde des Sceaux qui complète son propos en expliquant que "la création du procureur national anti criminalité organisée que j’avais annoncé dès le mois d’avril 2024 répondra en partie à cette nécessité absolue de communication et de coordination".
Car le petit délinquant était en réalité un bandit d’une bien plus grande envergure. Impliqué dans plusieurs règlements de comptes dans la région de Marseille (Bouches-du-Rhône), les murs de sa prison ne constituent pas un frein dans ses activités illégales : dans sa cellule, il avait accès à des puces téléphoniques, des téléphones portables lui permettaient de diriger des hommes à l’extérieur et reçoit même des visites charnelles de sa maîtresse.
publié le 1 août à 22h45, Nathan Hallegot, 6Medias