France

Colère des agriculteurs : le convoi parti d'Agen vers Rungis va "redescendre" en direction du Sud-Ouest

La grève des agriculteurs continue, et certains tracteurs sont désormais en place à Bruxelles pour manifester devant le Conseil européen ce jeudi 1ᵉʳ février. Un rendez-vous à l'issue duquel Emmanuel Macron a pris la parole et promis d'être "intraitable" avec les industriels et distributeurs.

La colère des agriculteurs continue de gronder dans tout le pays. Sur le front de la mobilisation, Paris est toujours encerclé par les tracteurs et des mouvements de blocages sont prévus dans toute la France ce jeudi 1ᵉʳ février 2024. Selon BFMTV, le ministère de l'Intérieur a pris la décision d'augmenter son dispositif pour encadrer ces grèves dans la région parisienne, avec 24 compagnies de CRS supplémentaires déployées. En milieu de journée jeudi, c'est à Bruxelles que les esprits s'échauffaient. Environ un millier de tracteurs ont convergé dans la capitale belge alors que doit se tenir un sommet européen extraordinaire consacré au budget de l'Union européenne. Sommet auquel assiste Emmanuel Macron. Comme le rapporte l'agence de presse Belga, une des cinq statues du monument d'hommage à John Cockerill, situé sur la place du Luxembourg, a été déboulonnée.

Des palettes de bois ont également été incendiées par des manifestants, de même que des bottes de paille ou encore des pneus, les tracteurs bloquent un certain nombre de rues et donc la circulation. Si bien que le Parlement européen semble désormais encerclé. Selon les informations de BFMTV, des pétards ainsi que des feux d'artifice ont également été lancés. La police belge a même été contrainte de sortir des lances à eau pour faire reculer les manifestants. Les agriculteurs présents représentent plusieurs nationalités européennes : des Belges mais aussi des Français, des Allemands ou encore des Italiens ont convergé vers l'institution européenne.

Le convoi d'Agen fait demi-tour

En France, les agriculteurs s'étant rendus à Rungis ont eux annoncé ce jeudi matin qu'ils "pliaient bagage" à la demande des autorités. "Le préfet nous a demandé de quitter les lieux ce matin, nous a demandé de partir vers chez nous", a confié José Perez, co-président de la Coordination rurale de Lot-et-Garonne. Il a cependant prévenu : "Je ne pars pas sans ma co-présidente, mes agriculteurs. On partira quand on sera tous ensemble, on est arrivés ensemble, on repart ensemble, dans une équipe on ne se lâche pas". Leur retour sera fait sous escorte jusqu'à l'autoroute A20. En parralèle, un autre convoi d'agriculteurs parti d'Agen vers Rungis va "redescendre" vers le Sud-Ouest, annonce le syndicat Coordination rurale. "On n'est pas pleinement satisfait des annonces, mais la messe est dite puisque le premier ministre a reçu tout le monde et a fait ses différents discours. On a aucun intérêt à rester plus longtemps à Paris", a déclaré un de leurs représentants au Figaro, avant de confirmer que les agriculteurs venus d'Agen vont quitter l'île de France pour rallier le Lot-et-Garonne.

91 agriculteurs ont été placés en garde à vue mercredi pour dégradation du bien d’autrui en réunion et participation à un groupement formé en vue de la préparation de dégradations de bien après avoir pénétré dans le marché de Rungis. Les gardes à vue vont être levées a appris BFMTV ce jeudi matin. Les investigations se poursuivent en parallèle.

Karine Duc, l'une des responsables de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, fait partie des personnes libérées."C'est quasiment une rafle", a-t-elle dénoncé à sa sortie, regrettant "la disproportion entre la manifestation pacifique sans dégradation et le sort qui (leur) a été réservé juste après". "Je ne sais pas ce qui peut m'être reproché sachant qu'on a manifesté pacifiquement, sans tracteurs et sans dégradations", a-t-elle également déploré. Elle estime avoir simplement tenté "d'avoir des réponses à (ses) revendications." Dans Paris, les Jeunes agriculteurs d'Île-de-France ont installé un blocage sur les Champs-Elysées et la place de l'étoile, en fin de matinée jeudi. Des bottes de paille ont notamment été répandues dans les rues.

Emmanuel Macron sera "intraitable" avec les industriels

Emmanuel Macron s'est exprimé à l'issue du Conseil européen, quelques heures après les annonces de Gabriel Attal, jeudi 1er février. Le président de la République a assuré qu'il compte renforcer les contrôles des "plus gros industriels" et des "plus gros distributeurs" et promet une posture "intraitable" du gouvernement. Le chef de l'État a également plaidé en faveur de la mise en place d'un "Egalim européen". une manœuvre qui permettrait selon lui de "s'assurer au niveau de l'Europe qu'il n'y a pas un contournement de ce que nous avons fait au niveau français par ces grandes centrales d'achat européennes". Enfin, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté que le cadre réglementaire français ne soit pas plus contraignant que celui décidé au sein de l'UE.

Satisfaits des annonces du gouvernement, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs appellent à "suspendre les blocages"

Ce jeudi 1er février, Gabriel Attal a fait plusieurs annonces depuis Matignon. Lors de cette conférence de presse, le Premier ministre a notamment annoncé qu'il souhaitait "inscrire l'objectif de souveraineté (alimentaire) dans la loi" et que l'État va consacrer 150 millions d'euros "dès cette année et de façon pérenne" pour soulager la charge fiscale et sociale des éleveurs "qui ont besoin d'un soutien spécifique". Gabriel Attal a également promis un renforcement de la loi Egalim et l'interdiction du pesticide thiaclopride dans les importations.

Réagissant aux annonces du gouvernement, les syndicats de la FNSEA et des Jeunes Agriculteursont annoncé la suspension des blocages des routes dans l’Hexagone. "Nous avons décidé qu'à l'heure actuelle, au vu de tout ce qui a été annoncé (...) un changement de notre mode d'action. Nous invitons nos réseaux à suspendre les blocages et entrer dans une nouvelle forme de mobilisation", a déclaré Arnaud Gaillot, président de Jeunes Agricuteurs. Cette décision vient à condition d’obtenir "très rapidement une note écrite" à disposition des syndicats, marquant les engagements de l’exécutif. =11ptÀ l'inverse, la Coordination Rurale n'appelle pas à "lever les barrages", selon son secrétaire général Christian Convers. Des groupes du syndicat sont arrivés ce jeudi matin devant l'Assemblée nationale. Une trentaine d'agriculteurs ont été refoulés par les forces de l'ordre et patientent aux abords de l'hémicyclce.

publié le 1 février à 13h18, Martin Pereira, Ambre Deharo, 6Medias

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