Enlèvement de Santiago : le diagnostic d'urgence vitale du nourrisson remis en question par deux documents contradictoires
© Suaudeau / Wikicommons - L'hôpital Robert Ballanger à Aulnay-sous-Bois où le nourrisson a été enlevé par ses parents.
L'enlèvement de Santiago par ses parents le 22 octobre avait donné lieu à un procès-verbal décrivant l'état de santé du bébé comme "précaire" et pointant le danger d'un "coma". Or, un second PV rédigé le lendemain fait état d'un diagnostic plus nuancé, qui pourrait amener à requalifier l'enquête.
Le 22 octobre, le petit Santiago, âgé d'une dizaine de jours seulement et né grand prématuré à l'hôpital Robert Ballanger d'Aulnay-sous-Bois, avait été enlevé par ses parents. Leur cavale a duré trois jours, le couple ayant été retrouvé et interpellé le 25 octobre aux Pays-Bas. Le bébé, lui, a été immédiatement hospitalisé à Amsterdam où son état de santé a été décrit comme "bon". Un soulagement pour les autorités françaises qui redoutaient le pire, alertées par un procès-verbal rédigé par les enquêteurs une à deux heures après l'enlèvement. Ce dernier, que BFMTV a pu consulter, décrivait l'état de santé du nourrisson comme "précaire", soulignait "l'incapacité" de Santiago à "maintenir lui-même sa température corporelle" et l'importance vitale pour le bébé de "boire du lait adapté". Le document mentionnait également que Santiago était "sous surveillance cardiaque et respiratoire constante afin de prévenir toute défaillance" et que "la mère toxicomane semble avoir consommé pendant sa grossesse puisque l'enfant a des traces de stupéfiants constatées à l'hôpital". Enfin, d'après ce PV, Santiago, faute d'une alimentation adaptée, risquait "une hypoglycémie sévère, voire un coma". Le rapport relayait le diagnostic d'un pédiatre estimant l'espérance de vie de l'enfant à "douze heures", ramenée à 2 ou 3 heures "en l'absence de surveillances et de soins". C'est ce rapport qui avait motivé le déclenchement de l'alerte enlèvement.
Un second PV plus nuancé
Or, comme l'indique BFMTV, un second procès-verbal rédigé deux jours après l'enlèvement se montre nettement plus nuancé. Ce document relayant les propos d'un médecin responsable du service pédiatrique de l'hôpital Robert Ballanger indique en effet que Santiago, avant son enlèvement, "commence à s'alimenter en tétant de très petites quantités de biberon", dispose d'une prescription médicamenteuse "non vitale" et qu'il n'a pas besoin d'assistance respiratoire ni ne présente de problème cardiaque. Le médecin remet même en cause le pronostic vital engagé sous 12 heures. S'il écarte donc le danger de "coma" avancé par le premier PV, le spécialiste précise cependant que Santiago, incapable de prendre assez de biberon "pour se développer convenablement", avait besoin de rester hospitalisé pour une durée de 4 semaines.
Ces deux documents contradictoires pourraient amener à une requalification de l'enquête. Elle avait été ouverte par le procureur pour "usage abusif de l'autorité parentale" en raison de la mise en danger que constituait l'enlèvement du nourrisson. Or, si Santiago n'était pas en danger de mort, l'aspect "abusif" pourrait être remis en question. Pour l'heure, le parquet de Bobigny, sollicité par BFMTV, n'a apporté aucun commentaire.
publié le 28 octobre à 10h59, Sabrina Guintini, 6Médias