Au Royaume-Uni, les variations autour des "mince pies" de Noël irritent certains palais
Les "mince pies", petites pâtisseries aux fruits secs, font partie des grands classiques de Noël au Royaume-Uni. Et quand certains s'aventurent à revisiter la recette, les puristes crient au sacrilège.
Chaque année au moment des fêtes, les Britanniques consomment quelque 800 millions de ces tourtes, que certains aiment consommer tièdes. A l'intérieur, un mélange de fruits secs, pommes émincées et épices, arrosé de brandy ou de rhum.
Ces dernières années, pâtissiers amateurs et chaînes de supermarché se sont mis à improviser des versions moins conventionnelles, en ajoutant toutes sortes d'ingrédients.
Parmi les pratiques iconoclastes: recouvrir la tartelette de sucre glace, de frangipane, ajouter à la garniture du chocolat, du caramel salé, de la custard (crème aux oeufs à la vanille), des biscuits spéculoos... voire du bacon.
Autant de "monstruosités" pour l'autrice de livres de cuisine Felicity Cloake.
"Les mince pies sont très bien comme elles sont, pas la peine de les modifier", s'indigne la journaliste, déplorant que les gens aient le palais "tellement blasé qu'il faille à tout prix apporter du changement, avec n'importe quelle saveur à la mode sur TikTok".
Les fruits et les saveurs traditionnelles doivent rester dominantes en bouche, plaide celle qui s'accorde toutefois quelques libertés avec la tradition, en introduisant par exemple des figues et des pruneaux séchés, ou des châtaignes hachées dans ses recettes.
- Dimension "nostalgique" -
La très courue boulangerie-pâtisserie londonienne Pophams propose une version qui trouve aussi grâce aux yeux de l'experte. La pâte brisée est remplacée par de la pâte à croissant, qui renferme la garniture traditionnelle, rehaussée d'une crème aux agrumes et gingembre.
"Nous avons un grand respect pour la mince pie classique à la pâte brisée mais nous croyons à l'innovation, en particulier quand il s'agit de créer quelque chose d'aussi délicieux", commente une responsable de la pâtisserie, Lucy McWhirter.
Parmi les amateurs de mince pie rencontrés par l'AFP à Londres à quelques jours de Noël, Marti Warren, 56 ans, juge que les ajouts de chocolat ou de caramel salé sont un "cauchemar".
"La mince pie doit rester traditionnelle. Je n'aime pas qu'on la modifie, elle est bien comme ça", assure cette fleuriste, ajoutant qu'elle aime ainsi la dimension "nostalgique" attachée à sa dégustation, qui lui rappelle les souvenirs de ses "Noël passés".
Pour Andrea Lass, avocate américaine à la retraite, l'ajout d'ingrédients transforme ce mets "simple et pur en quelque chose d'excessif et d'artificiel".
Convertie à la mince pie après 40 années passées au Royaume-Uni, elle dit être particulièrement attentive à sa fine pâte et à conserver une garniture traditionnelle et bien fournie.
"N'essayez pas de me vendre une pâte épaisse et trop peu de garniture!", s’exclame-t-elle.
Autre invention controversée, pour une version croustillante: les mince pies frites. Felicity Cloake reconnaît qu'elles sont "plutôt délicieuses" mais met en garde contre un autre danger: celui de se brûler le palais avec une garniture devenue extrêmement chaude. "A ne pas essayer après un verre de sherry!" recommande-t-elle.
publié le 22 décembre à 10h05, AFP