Faits divers

Tué par erreur: jusqu'à 30 ans de prison au procès de Besançon

Deux trafiquants de stupéfiants ont été condamnés vendredi à 30 ans d'emprisonnement, le troisième à 25 ans

© LOIC VENANCE, AFP - Deux trafiquants de stupéfiants ont été condamnés vendredi à 30 ans d'emprisonnement, le troisième à 25 ans

Leur jeune victime, Houcine Hakkar, avait été tuée par erreur en 2020 à Besançon: deux trafiquants de stupéfiants ont été condamnés vendredi à 30 ans d'emprisonnement, le troisième à 25 ans.

Elias Basbas, 24 ans, et Melk Ghezali, 31 ans, ont été reconnus par la cour d'assises du Doubs coupables d'avoir assassiné Houcine Hakkar et tenté d'assassiner le passager qui l'accompagnait. Ils ont été respectivement condamnés à 30 et 25 ans de réclusion criminelle.

Mohamed Mordjane, 31 ans, en fuite à l'étranger et désigné comme le chef de leur clan, a été reconnu coupable de complicité du crime en l'ayant commandité et facilité, notamment en fournissant arme, voiture et téléphones cryptés aux tueurs. Il a été condamné à 30 ans d'emprisonnement.

L'avocat général, Étienne Manteaux, avait requis 30 ans contre Melk Ghezali, qui a reconnu avoir conduit la voiture de l'échappée meurtrière malgré "l'omerta qui fait le ciment de ces clans de trafiquants de stupéfiants".

"Je ne dirai que la vérité, mais je ne parlerai que de moi", avait annoncé Melk Ghezali lors de son audition, refusant catégoriquement de mettre en cause ses deux co-accusés.

"En avouant, il prend des risques considérables pour sa vie et celle de ses proches", ont confié ses avocats, Robin Binsard et Sylvain Cormier, évoquant de multiples menaces de mort.

- "Un coup de pression" -

Le soir du 8 mars 2020, les membres du "clan Mordjane" pensent que "les Parisiens" affiliés au clan adverse, qui leur ont tiré dessus quelques jours plus tôt, sont dans le quartier Planoise à Besançon, au volant d'une Renault Mégane.

Melk Ghezali et son passager armé circulent à leur recherche et croisent une Mégane sombre. Ils la poursuivent, alors qu'il s'agit en réalité de la voiture conduite par Houcine Hakkar, un mécanicien de 23 ans totalement étranger au trafic de stupéfiants.

"La mission, c'était de leur mettre un coup de pression", assure-t-il, soutenant qu'il pensait "intimider" la bande adverse.

Pendant la course-poursuite, le véhicule d'Houcine Hakkar et de son ami est "rafalé" d'une trentaine de projectiles. Les victimes finissent leur course sur un terre-plein.

Leurs poursuivants se portent alors à leur hauteur et le tireur exécute d'une balle dans la tête le jeune homme de 23 ans. Son passager, blessé de deux balles, réussit à s'enfuir. Les tueurs réaliseront leur erreur sur l'identité des victimes quelques heures plus tard.

Au procès, Elias Basbas maintient qu'il n'a rien à voir dans les faits: "je n'étais pas dans cette voiture". L'homme a pourtant été désigné par plusieurs membres de son clan comme étant le tireur.

Des accusations confortées par un selfie des deux hommes faisant le V de la victoire le soir même du meurtre, et le déchiffrage de discussions via les téléphones cryptés PGP, équipés du logiciel Sky ECC, selon le ministère public.

Les avocats d'Elias Basbas, Florence Vincent et André Buffard, ont appelé les jurés à "se méfier des évidences" et des "menteurs".

- "Le vrai chef" -

Le ministère public avait requis la réclusion à perpétuité pour MM. Basbas et Mordjane.

Le déchiffrage des conversations sur "les téléphones PGP font clairement apparaître le vrai rôle de Mohamed Mordjane: c'est lui le vrai chef", a tancé Étienne Manteaux.

Une vision combattue par son avocat, Xavier Moroz, qui a dénoncé un manque de preuves et le "postulat" selon lequel "M. Mordjane est responsable" parce qu'il a un rôle dans le trafic de stupéfiants.

Les trois accusés ont déjà été condamnés à de multiples reprises pour trafic de stupéfiants, violences et association de malfaiteurs. Et l'assassinat du mécanicien a marqué l'épilogue d'une guerre de territoires entre deux bandes rivales à Besançon, entre novembre 2019 et mars 2020.

"Je voulais dire aux plus jeunes (du quartier), là dans le public, de bien nous prendre en contre-exemple car à part de la traîtrise, il n’y a rien à gratter" dans le trafic de stupéfiants, a conclu Melk Ghezali.

publié le 20 décembre à 23h08, AFP

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