Zelensky réclame plus d'aide et des troupes occidentales avant "le nouveau chapitre" Trump
Volodymyr Zelensky a de nouveau plaidé jeudi pour l'envoi de troupes occidentales en Ukraine afin de "forcer la Russie à la paix" à un moment où Kiev craint de perdre le soutien des Etats-Unis avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Le président ukrainien participait, avec le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, à la dernière rencontre du "groupe de contact" des soutiens militaire de Kiev avant l'investiture du milliardaire républicain le 20 janvier.
Il est ensuite parti pour Rome, où il doit notamment s'entretenir avec la cheffe du gouvernement de droite radicale italien Giorgia Meloni, à la fois fidèle soutien de l'Ukraine et favorable à Donald Trump, auquel elle a rendu visite en Floride.
Au cours de la réunion rassemblant une cinquantaine de pays sur la base aérienne américaine de Ramstein en Allemagne, le chef du Pentagone a appelé ses alliés à "ne pas faiblir" dans leur appui à l'Ukraine, assurant que les Etats-Unis resteraient "un partenaire fiable" au sein de l'Otan.
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche marquera l'ouverture d'un "nouveau chapitre" pour les Européens, a déclaré Volodymyr Zelensky.
Il dit y voir aussi une "période d'opportunités", même si Donald Trump affiche son scepticisme sur les milliards d'aide dépensés par Washington pour soutenir Kiev contre l'invasion russe déclenchée il y a près de trois ans, le 24 février 2022.
Le déploiement de troupes occidentale en Ukraine, une proposition qui suscite de vives réserves dans plusieurs Etats européens, est "l'un des meilleurs instruments" pour "forcer la Russie à la paix", a martelé le chef de l'Etat ukrainien.
- Dernière réunion -
Parmi les idées explorées par les chancelleries européennes et Washington figure celle de mettre en place un contingent militaire en Ukraine pour assurer le maintien d'un hypothétique cessez-le-feu.
Lloyd Austin a annoncé jeudi une nouvelle aide militaire pour l'Ukraine d'un montant d'environ 500 millions de dollars (485 millions d'euros).
S'il a reconnu que l'administration Trump "prendrait ses propres décisions", il a assuré que les Etats-Unis seraient "toujours un partenaire fiable à l'avenir" car leurs "valeurs" et leur "engagement envers (leurs) alliés et partenaires ne changent pas".
"Le combat de l'Ukraine nous concerne tous", a-t-il dit sans nommer Donald Trump.
Donald Trump a souvent critiqué l'aide apportée par les Etats-Unis à l'Ukraine et a assuré pouvoir régler le conflit en "24 heures" sans jamais détailler sa méthode.
L'UE est "prête à prendre le relais" pour mener le soutien militaire à l'Ukraine en cas de désengagement américain, a quant à elle affirmé la cheffe de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas, tout en se disant "sûre" que Washington allait poursuivre son effort.
- "Arsenal de drones" -
M. Zelensky a exhorté les alliés de Kiev à "participer encore plus activement" au développement d'un "arsenal de drones" pour l'Ukraine, des armes devenues incontournables dans cette guerre.
Un importante livraison portant sur 30.000 de ces engins a été annoncée à Ramstein par le Royaume-Uni et la Lettonie pour un montant de près de 54 millions d'euros, cofinancé avec le Danemark, les Pays-Bas et la Suède.
Dans la région russe de Saratov, un incendie se poursuivait jeudi pour le deuxième jour consécutif sur un site pétrolier frappé la veille par des drones ukrainiens, à quelque 500 km de la frontière entre les deux pays.
Sous la présidence de Joe Biden, les Etats-Unis ont été le plus grand soutien de Kiev dans sa défense face à la Russie, en ayant fourni une aide militaire d'une valeur de plus de 65 milliards de dollars (63 milliards d'euros) depuis février 2022.
Insuffisant toutefois pour permettre à l'Ukraine de repousser les troupes russes dans l'est, où celles-ci accélèrent leur progression ces derniers mois.
Moscou a revendiqué lundi la prise de la petite ville minière de Kourakhové, après une bataille de près de trois mois.
Et jeudi, les forces russes sont parvenues à établir une tête de pont en franchissant l'Oskil, une rivière qui séparait jusqu'ici les positions des deux camps, selon un responsable local.
Dans ce contexte, l'Ukraine craint d'être mise sous pression de la part du nouveau président élu américain pour faire des concessions à Vladimir Poutine dans de futures négociations de paix.
La Russie réclame que quatre régions ukrainiennes qu'elle contrôle partiellement lui soient cédées, en plus de la Crimée annexée en 2014, et que l'Ukraine renonce à entrer dans l'Otan.
publié le 9 janvier à 20h07, AFP