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"Une nouvelle ère" s'ouvre dans l'histoire du Liban avec l'élection d'un président

  • Le président libanais nouvellement élu, Joseph Aoun (à gauche), se tient à côté du président du Parlement, Nabih Berri, alors qu'il prononce un discours au Parlement à Beyrouth, le 9 janvier 2025
    ©Anwar AMRO, AFP - Le président libanais nouvellement élu, Joseph Aoun (à gauche), se tient à côté du président du Parlement, Nabih Berri, alors qu'il prononce un discours au Parlement à Beyrouth, le 9 janvier 2025
  • Le président libanais nouvellement élu, Joseph Aoun (à gauche), se tient à côté du président du Parlement, Nabih Berri, alors qu'il prononce un discours au Parlement à Beyrouth, le 9 janvier 2025
    ©IBRAHIM AMRO, AFP - Un panneau d'affichage célébrant l'élection du chef de l'armée Joseph Aoun, à la présidence du Liban, à Beyrouth le 9 janvier 2025
  • Le président libanais nouvellement élu, Joseph Aoun (à gauche), se tient à côté du président du Parlement, Nabih Berri, alors qu'il prononce un discours au Parlement à Beyrouth, le 9 janvier 2025
    ©Mahmoud ZAYYAT, AFP - Des libanais lèvent des drapeaux nationaux et dansent pendant que des moutons sont sacrifiés pour célébrer l'élection de Joseph Aoun, originaire de leur village, à la présidence du Liban, dans la ville méridionale d'Aishiyeh, le 9 janvier 2025

Le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, a affirmé qu'une "nouvelle ère" s'ouvrait après son élection à la présidence du pays, qui a mis fin à une vacance de plus de deux ans ayant aggravé les crises économique et politique.

"Aujourd'hui commence une nouvelle ère dans l'histoire du Liban", a déclaré M. Aoun après avoir prêté serment au Parlement, sous les applaudissements des députés.

M. Aoun, qui aura 61 ans vendredi, s'est engagé à des consultations rapides pour nommer un Premier ministre afin de sortir le pays de la paralysie politique.

Il a promis de respecter l'accord de trêve avec Israël, après la guerre meurtrière qui a opposé l'armée israélienne au Hezbollah pro-iranien jusqu'à fin novembre, et assuré que l'Etat aurait désormais "le monopole des armes".

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a de son côté émis l'espoir de "bonnes relations entre voisins".

Téhéran s'est félicité d'"un succès pour tout le Liban", "fruit d'un accord et consensus entre la majorité des groupes et partis libanais".

De nombreux autres pays ont salué cette élection, le président américain sortant, Joe Biden, déclarant que M. Aoun est "le bon dirigeant pour cette période".

Son homologue français, Emmanuel Macron est "convenu" avec M. Aoun lors d'un entretien téléphonique de "se rendre au Liban très prochainement", a indiqué l'Elysée.

L'élection a été saluée également par l'Arabie saoudite, le Qatar et l'Espagne.

Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a félicité le nouveau président et encouragé "la formation rapide d'un nouveau gouvernement", le Conseil de sécurité réitérant son "soutien à l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance politique" du Liban.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a elle salué "un moment d'espoir" pour le Liban.

- 99 voix-

Joseph Aoun a recueilli 99 voix sur 128 au Parlement lors d'une deuxième session. Au premier tour, il n'en avait obtenu que 71, les 30 députés du Hezbollah et de son allié, le mouvement chiite Amal, ayant voté blanc.

Il a décroché la majorité nécessaire après une rencontre avec des représentants des deux formations.

La candidature de M. Aoun, à la réputation de probité et d'impartialité, était appuyée par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, poids lourd régional, selon des responsables politiques libanais.

Le Hezbollah, acteur incontournable de la scène politique, est sorti affaibli de deux mois de guerre ouverte avec Israël - qui a notamment tué son chef, Hassan Nasrallah - et la chute début décembre du président syrien, Bachar al-Assad, son allié.

En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir, la présidence du Liban revient à un chrétien maronite.

Le Liban était doté d'un système présidentiel mais les pouvoirs du chef de l'Etat ont été largement réduits par l'accord de Taef ayant mis fin à la guerre civile (1975-1990), au profit du Conseil des ministres présidé par un musulman sunnite.

- Rôle-clé -

Depuis la fin du mandat du président sortant, Michel Aoun (sans lien de parenté avec le commandant en chef de l'armée), en octobre 2022, le Parlement avait échoué à lui désigner un successeur.

Selon des analystes, le rôle-clé de l'armée dans la mise en oeuvre du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, entré en vigueur le 27 novembre, a été un facteur déterminant pour l'élection de Joseph Aoun.

L'accord de cessez-le-feu, dont la mise en oeuvre est supervisée par les Etats-Unis, la France et l'ONU, prévoit le déploiement de l'armée libanaise dans les zones frontalières au fur et à mesure du retrait de l'armée israélienne des zones qu'elle a occupées pendant le conflit.

Le Hezbollah doit retirer ses troupes et démanteler toute infrastructure militaire dans la région.

- Liesse -

A Aïchiyé, village natal du président élu dans le sud du Liban, les habitants ont laissé éclater leur joie, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Nous nous attendions à sa victoire aux élections, car ce que nous savons du général suffit pour œuvrer à la construction d'un État", a déclaré à l'AFP Anissa Aoun.

Le nouveau président doit désormais désigner un Premier ministre, à la tête d'un nouveau cabinet qui devra obtenir la confiance de la communauté internationale et mettre en œuvre des réformes urgentes, pour relancer l'économie et reconstruire les zones dévastées dans le sud.

publié le 9 janvier à 21h38, AFP

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