Un rapport appelle à mieux coordonner le contre-espionnage au sein de l'UE
© JOHN THYS, AFP - L'ancien président finlandais Sauli Niinistö et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participent à une conférence de presse à Bruxelles le 30 octobre 2024
Face à l'augmentation des attaques "hybrides", l'ancien président finlandais Sauli Niinistö appelle à mettre en place un service de coopération en matière de renseignement au sein de l'Union européenne, dans un rapport remis à la Commission mercredi.
Dans ce document dédié au renforcement de la défense européenne, Sauli Niinistö insiste sur "l'augmentation significative (...) d'activités malveillantes sur le territoire de l'UE", des "activités hybrides" de plus en plus "agressives", en particulier de la Russie.
Pour faire face, il réclame de "renforcer progressivement les structures de renseignement de l'UE", jusqu'à mettre en place un "service à part entière" de coopération en la matière. Entre Etats membres, "nous devons nous faire confiance entre nous", a-t-il souligné devant la presse à Bruxelles.
En guise de première étape, son rapport suggère de renforcer la structure européenne actuelle d'analyse de renseignement, le SIAC, avec davantage de personnel et des compétences supplémentaires.
La proposition d'un "service à part entière" de "coopération" serait mise sur la table des discussions dans un second temps, en lien avec les Etats membres sur ce sujet régalien toujours sensible.
Sauli Niinistö voudrait que se développe une véritable "culture du contre-espionnage" au sein de l'Union européenne.
Le débat sur une potentielle agence de renseignement européenne est un serpent de mer à Bruxelles, car les Etats ne veulent pas de concurrence avec leurs propres services.
Dans son rapport, Sauli Niinistö souligne que les "acteurs malveillants" peuvent actuellement "exploiter" les "divergences" de législations et de pratiques entre les 27 en matière de contre-espionnage.
Il réclame d'harmoniser les règles contre les activités clandestines. Il faudrait s'assurer, par exemple, qu'un espion hostile d'un pays étranger expulsé d'un Etat membre, ne puisse être redéployé ultérieurement dans un autre pays européen.
Cela pourrait passer par une "base de données commune sécurisée sur les personnes à haut risque", selon le dirigeant finlandais.
Sauli Niinistö conseille aussi de "limiter si nécessaire" la circulation du personnel diplomatique ou de citoyens d'un pays représentant une menace en matière de sabotage ou d'espionnage.
Il y a un peu plus de six mois, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen lui avait confié ce rapport sur la défense et la sécurité européennes, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine.
"La guerre de Poutine en Ukraine constitue la plus grande menace pour notre sécurité" actuellement, a souligné Mme von der Leyen mercredi. "Les dépenses de défense de la Russie sont en train de dépasser les montants collectifs de tous les États membres européens réunis. Nous devons donc intensifier nos efforts", a-t-elle plaidé.
publié le 30 octobre à 13h32, AFP