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La Cour suprême américaine divisée face aux traitements de transition pour les mineurs transgenres

  • Le juriste américain Chase Strangio lors d'un forum annuel à Beverly Hills, aux Etats-Unis, le 11 septembre 2024.
    ©Michael Tran, AFP - Le juriste américain Chase Strangio lors d'un forum annuel à Beverly Hills, aux Etats-Unis, le 11 septembre 2024.
  • Le juriste américain Chase Strangio lors d'un forum annuel à Beverly Hills, aux Etats-Unis, le 11 septembre 2024.
    ©ROBERTO SCHMIDT, AFP - Partisans et opposants à l'interdiction des traitements médicaux de transition pour mineurs transgenres manifestent devant la Cour suprême des Etats-Unis, à Washington, le 4 décembre 2024

La Cour suprême à majorité conservatrice est apparue mercredi divisée sur l'accès des mineurs aux traitements médicaux pour changer de genre, sujet de profonde crispation dans la société américaine, mais semble encline à laisser les Etats les interdire.

Le sujet est particulièrement prégnant dans la perspective du retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a martelé son intention de revenir sur une série d'acquis obtenus par les personnes transgenres.

La décision de la Cour, attendue d'ici fin juin, en tout cas après l'investiture le 20 janvier du président élu, pourrait être lourde de conséquences car la moitié des Etats américains a prohibé les traitements pour les mineurs qui ne se reconnaissent pas dans leur genre de naissance.

Sur 1,6 million de personnes se définissant comme transgenres aux Etats-Unis, plus de 300.000 sont âgées de 13 à 17 ans, dont plus du tiers vivent dans un de ces Etats, selon une étude du Williams Institute, groupe de réflexion de l'université UCLA.

Au coeur des débats mercredi: une loi adoptée en 2023 par l'Etat du Tennessee (sud) interdisant aux mineurs transgenres l'accès aux bloqueurs de puberté et aux traitements hormonaux de transition.

Des partisans des deux camps, pour ou contre cette interdiction, ont manifesté bruyamment devant la Cour, chacun revendiquant sa préoccupation pour la "santé des enfants".

Des mineurs et leur famille, une gynécoloque de Memphis ainsi que l'administration du président démocrate sortant Joe Biden dénoncent le caractère "discriminatoire" de la loi du Tennessee.

Ils affirment qu'elle viole une disposition du Quatorzième amendement de la Constitution sur "l'égale protection" des citoyens puisqu'elle prive les personnes transgenres d'accès à des traitements autorisés à d'autres pour raisons médicales.

La conseillère juridique de l'administration Biden, Elizabeth Prelogar, et un représentant des plaignants, Chase Strangio, ont également reproché mercredi à la loi d'interdire totalement les traitements de transition aux mineurs sans prendre en considération leurs avantages, tels que la réduction significative des cas de dépression et de pensées suicidaires.

- Première -

"Habituellement, les Etats légifèrent en informant les patients des risques et en s'efforçant de les minimiser", a relevé Chase Strangio, premier avocat ouvertement transgenre à plaider devant la Cour suprême et qui a confié avoir lui-même bénéficié de ces traitements.

Mais en l'espèce, le Tennessee a "prononcé une interdiction générale, outrepassant le jugement des parents qui aiment leurs enfants et des médecins qui ont recommandé ces traitements", a-t-il déploré.

"Il me semble que c'est un domaine dans lequel nous sommes particulièrement dépourvus d'expertise", a rétorqué le président de la Cour, John Roberts, se demandant si la sagesse ne commandait pas aux neuf juges de "s'en remettre aux législateurs" des différents Etats pour en évaluer les bénéfices et les risques.

Son collègue conservateur Brett Kavanaugh a lui aussi souligné qu'il était "très difficile" pour les juges de trancher en la matière.

"Si les traitements sont interdits, certains enfants vont en souffrir parce qu'ils n'y auront pas accès. Et s'ils sont autorisés d'autres vont souffrir en les prenant puis en regrettant ensuite de l'avoir fait et en voulant revenir sur leur transition", a-t-il résumé.

Le Tennessee a voté cette loi pour protéger les mineurs d'interventions médicales "risquées et susceptibles d'avoir des conséquences souvent irréversibles", a affirmé mercredi le représentant de cet Etat, Matthew Rice.

Il a par ailleurs contesté, face aux objections soulevées par les trois juges progressistes, que la loi présente un caractère discriminatoire en fonction du sexe.

"Si un garçon demande des bloqueurs de puberté pour traiter une puberté trop précoce, il pourra les obtenir. Mais il ne pourra pas pas pour les utiliser en vue d'une transition de genre", a fait valoir Matthew Rice, assurant que les mêmes critères s'appliquaient pour une fille.

Aux Etats-unis, les républicains ont fait des attaques contre la place des personnes transgenres un de leurs chevaux de bataille contre le "wokisme", la bien-pensance dont ils taxent le camp démocrate.

Les conservateurs ciblent en particulier la participation des hommes transgenres à des compétitions sportives féminines et l'accès des mineurs aux traitements de transition.

publié le 4 décembre à 21h15, AFP

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