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Au Népal, deux candidates transgenres en lice à des élections locales, une première

Les candidates transgenres du Janata Samajwadi Party-Nepal Deepak Maharjan (2e d), connue sous le nom de Honey, et Mouni Maharjan (d), officiellement nommée Rajeev, lors d'une campagne pour la prochaine élection locale partielle à Kirtipur, dans la banlieue de Katmandou, le 20 novembre 2024 au Népal

© Prakash MATHEMA, AFP - Les candidates transgenres du Janata Samajwadi Party-Nepal Deepak Maharjan (2e d), connue sous le nom de Honey, et Mouni Maharjan (d), officiellement nommée Rajeev, lors d'une campagne pour la prochaine élection locale partielle à Kirtipur, dans la banlieue de Katmandou, le 20 novembre 2024 au Népal

Deux personnes transgenres se présentent pour la première fois dimanche à des élections locales au Népal, portant l'espoir d'ouvrir la voie aux minorités sexuelles et de genre dans ce pays, un des plus progressistes d'Asie du Sud en matière de droits LGBT+.

Si le pays a adopté des lois en faveur des droits des personnes homosexuelles et transgenres, aucun membre de la communauté LGBT+ n'a occupé de fonctions officielles depuis 2008. Cette année-là, un homme gay était devenu député au parlement népalais, nommé dans le cadre du système de représentation proportionnelle.

"J'espère que ma candidature incitera d'autres membres de la communauté homosexuelle à prendre part ouvertement aux futures élections", explique Honey Maharjan, 44 ans.

Elle brigue le poste de maire de Kirtipur, une localité située à la périphérie de la capitale Katmandou, lors de ce scrutin qui se tiendra le 1er décembre.

En dépit des avancées sur le plan juridique, les minorités sexuelles et de genre affirment demeurer victimes de discrimination en matière d'emploi, d'éducation et de soins médicaux.

"Jusqu'à présent, aucun membre de la communauté homosexuelle n'a exercé le droit de se présenter aux élections municipales au Népal", affirme Honey à l'AFP.

Elle a grandi dans une famille défavorisée et s'est battue pour réussir à joindre les deux bouts en travaillant comme plongeuse et ouvrière dans une usine de confection avant de devenir guide touristique.

"Quand je me souviens de mon passé, c'est comme un cauchemar car j'ai été confrontée à beaucoup de discrimination et d'abus, comme d'autres personnes transgenres, je veux changer cela", assure-t-elle.

Mouni Maharjan brigue, elle, le poste de présidente de quartier dans cette même municipalité.

Les deux candidates représentent du parti népalais Samajbadi, un petit parti politique qui ne fait pas particulièrement campagne pour les droits LGBT+.

- "Avoir les mêmes chances" -

Le commissaire électoral en chef, Dinesh Kumar Thapaliya, estime que ces deux candidates contribueront à "ouvrir une porte aux groupes de minorités sexuelles pour qu'ils s'expriment en politique".

Plus de 900.000 Népalais s'identifient à une minorité sexuelle, selon la Blue Diamond Society, une association népalaise pour la défense des droits LGBT+.

Au cours des vingt dernières années, le Népal a fait des avancées significatives en la matière.

En 2007, ce pays enclavé de l'Himalaya a interdit la discrimination fondée sur le genre ou l'orientation sexuelle.

Une troisième catégorie de genre pour les documents de citoyenneté a été introduite en 2013, et les passeports comprennent une catégorie "autres" depuis 2015.

L'année dernière, une ordonnance provisoire de la Cour suprême a permis aux couples de même sexe d'enregistrer leur mariage.

L'ancien parlementaire Sunil Babu Pant, qui avait été nommé en 2008 dans le cadre du système de représentation proportionnelle, a joué un rôle de premier plan dans la promotion de ces changements.

"Depuis que je l'ai quitté, personne n'a été élu. Notre voix n'a donc pas été entendue dans les organes législatifs et politiques", déplore-t-il.

"Nous avons maintenant deux candidates pour cette élection. C'est une avancée extrêmement positive pour le Népal".

Honey et Mouni font actuellement campagne en faisant du porte-à-porte sous leur symbole électoral, un parapluie.

Mouni, 29 ans, entend améliorer les infrastructures et l'assainissement dans son quartier mais aussi lutter contre la stigmatisation sociale des personnes LGBT+ et de créer des emplois pour elles.

"Je m'efforcerai d'ajouter un programme scolaire concernant la communauté afin que la nouvelle génération accepte facilement notre présence et soit mieux traitée", affirme Mouni.

De nombreux habitants de Kirtipur leur ont ouvert leurs portes lors de la campagne électorale et leur ont exprimé leur soutien.

"En démocratie, tout le monde devrait avoir les mêmes chances", estime Beeju Maharjan, une habitante de Kirtipur.

"Seules les élections diront qui gagnera (...) mais le courage dont font preuve Honey et Mouni (...) doit être reconnu à sa juste valeur".

publié le 29 novembre à 14h32, AFP

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