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Corée du Sud: l'opposition entame la procédure de destitution visant le président Yoon

  • Des députés et des militants d'opposition manifestent pour réclamer la démission du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, le 4 décembre 2024 à Séoul
    ©Jung Yeon-je, AFP - Des députés et des militants d'opposition manifestent pour réclamer la démission du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, le 4 décembre 2024 à Séoul
  • Des députés et des militants d'opposition manifestent pour réclamer la démission du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, le 4 décembre 2024 à Séoul
    ©Jung Yeon-je, AFP - Des soldats sud-coréens tentent d'entrer dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, à Séoul le 4 décembre 2024
  • Des députés et des militants d'opposition manifestent pour réclamer la démission du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, le 4 décembre 2024 à Séoul
    ©Philip FONG, AFP - Des manifestants défilent contre le président sud-coréen Yoon Suk Yeol à Séoul, le 4 décembre 2024.

Au lendemain de la tentative du chef de l’État d'imposer une loi martiale en Corée du Sud, l'opposition a présenté jeudi devant le Parlement une motion de destitution du président Yoon Suk Yeol, l'accusant d'avoir cherché à mettre fin aux enquêtes criminelles le concernant.

Six partis d'opposition sud-coréens ont accusé le président Yoon Suk Yeol d'avoir "gravement et largement violé la constitution" afin d'"éviter des poursuites criminelles" le visant lui et sa famille, dans une motion de destitution présentée aux premières heures de la journée devant le Parlement.

"C'est un crime impardonnable, un crime qui ne peut pas être, qui ne doit pas être, et qui ne sera pas pardonné", a déclaré le député Kim Seung-won.

La Corée du Sud a connu mercredi une journée de colère et de manifestations après le chaos de la nuit de mardi à mercredi, lorsque le président Yoon a tenté d'imposer une loi martiale pour la première fois en 40 ans.

L'avenir de cet ancien procureur général devenu président en 2022 est désormais incertain.

La motion de destitution pourrait être soumise au vote dès vendredi, ont indiqué les six partis d'opposition représentés au Parlement, dont le principal d'entre eux, le Parti démocrate (centre-gauche). Ce dernier a également déposé plainte pour "insurrection" contre le président, certains ministres et des hauts responsables de l'armée et de la police, ce qui pourrait conduire à des peines de prison à vie, voire à des condamnations à mort.

La loi sud-coréenne prévoit que la motion de destitution soit soumise à un vote 24 à 72 heures après avoir été présentée en session parlementaire, selon l'agence de presse Yonhap.

L'opposition détient une large majorité au sein de l'assemblée de 300 membres et n'a besoin que d'une poignée de défections de la part du Parti du pouvoir du peuple du président Yoon pour obtenir la majorité des deux tiers nécessaire à l'adoption de la motion.

De son côté, le parti au pouvoir a décidé de s'opposer à la motion de destitution, rapporte Yonhap. "De nombreux parlementaires qui ont participé à la réunion du parti ont dit être tombés d'accord pour s'opposer à la destitution", a indiqué cette source.

- "Le président est fou" -

Mercredi, des milliers de Sud-Coréens ont manifesté à Séoul pour réclamer la destitution de leur président.

Avec des banderoles, des bougies et des distributions de boissons chaudes, les Coréens ont montré qu'ils étaient profondément choqués d'avoir vu leur pays si proche de tourner le dos à près de 40 ans de démocratie.

"C'était comme une leçon d'histoire" dit Park Su-hyung, 39 ans. "Notre démocratie sera piétinée si nous laissons M. Yoon au pouvoir un instant de plus".

"Il fallait que je sois là ce soir, le président est fou", juge Choi Moon Jung, 55 ans, en distribuant des boissons chaudes.

M. Yoon, dont la cote de popularité était déjà au plus bas, est dos au mur après avoir instauré la loi martiale lors d'une allocution surprise tard mardi, avant d'abroger cette mesure quelques heures plus tard sous la pression des députés et de la rue.

Dans un contexte de difficultés à adopter le budget 2025, le président avait justifié ce coup de force en disant vouloir "éliminer les éléments hostiles à l’État" et "protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes".

M. Yoon, élu de justesse en 2022 et qui n'a jamais disposé de majorité au Parlement, avait pointé du doigt une "dictature législative" et accusé les élus de l'opposition de bloquer "tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation".

- Des alliés soulagés -

L'imposition de la loi martiale impliquait la suspension de la vie politique, la fermeture du Parlement et la mise sous contrôle des médias.

La loi martiale avait été activée pour la dernière fois en 1980 en Corée du Sud, quand des centaines de milliers de personnes avaient battu le pavé pour protester contre un coup d’État militaire. Ces manifestations avaient été réprimées dans le sang.

L'action de M. Yoon a pris les alliés de la Corée du Sud par surprise, en premier lieu desquels les États-Unis, qui ont près de 30.000 soldats dans le pays et ont exprimé leur soulagement face au revirement du président Yoon.

"La démocratie sud-coréenne est solide et résistante, et nous allons continuer à nous exprimer publiquement et à nous engager en privé avec nos homologues sud-coréens pour renforcer l'importance de son maintien", a déclaré mercredi le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan.

La levée de la loi martiale montre "l'engagement" de la Corée du Sud envers l'Etat de droit, a salué le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, tandis que l'Union européenne a réaffirmé son partenariat stratégique avec Séoul.

La Chine a, elle, "pris note" de la déclaration de loi martiale en Corée du Sud, désormais levée, mais "ne fera pas de commentaires" sur les affaires internes du pays.

publié le 4 décembre à 22h08, AFP

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