Politique

Chute du gouvernement : à quoi doit-on s’attendre dans les prochains jours ?

© Gabrielle Cezard/Pool/ABACAPRESS.COM

Le gouvernement Barnier a été censuré et Emmanuel Macron doit rapidement trouver un nouveau chef de gouvernement. Plusieurs options s’offrent au chef de l’État.

Emmanuel Macron ne pourra pas prendre deux mois pour choisir le nouveau chef du gouvernement cette fois-ci. En effet, Michel Barnier a été censuré par l’Assemblée nationale, mercredi 4 décembre en début de soirée. Comme le veut la Constitution, il va déposer sa démission jeudi 5 au président, a appris BFMTV. Emmanuel Macron a la possibilité d’accepter la démission de Michel Barnier et de nommer, dans la foulée, un nouveau Premier ministre. Il peut également refuser sa démission, le gouvernement resterait donc démissionnaire jusqu’au remplacement du locataire de Matignon.

Mais le timing est plus serré aujourd'hui qu’il ne l’était cet été, après la démission de Gabriel Attal. En effet, le temps presse pour adopter le budget de l’État, et un gouvernement démissionnaire ne peut pas proposer de projet de loi à l’Assemblée nationale. Il ne peut être en charge que des affaires courantes. De plus, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) est tombé mercredi, en même temps que le gouvernement.

Il existe bien la possibilité d’activer l’article 47 de la Constitution, qui permettrait de faire passer le budget de la Sécurité sociale par ordonnances, mais les constitutionnalistes ne sont pas tous d’accord. Un gouvernement démissionnaire pourrait ne pas être en droit d’activer cet article. Un pari trop risqué pour Emmanuel Macron qui pourrait vouloir s’éviter plusieurs recours devant le Conseil constitutionnel, toujours dans un souci d’agenda plus que serré.

Quelles options pour Emmanuel Macron

Si le président refuse la démission de Michel Barnier, il n’aura que quelques jours pour nommer un nouveau Premier ministre, ce qui ne lui laisse qu’un court sursis. En plus de l’agenda parlementaire qui est plus que serré, Emmanuel Macron souhaiterait accueillir les chefs d’État et de gouvernement, en visite à Paris pour la réouverture de Notre-Dame de Paris ce week-end, avec un chef de gouvernement en place. Il souhaiterait nommer un nouveau locataire de Matignon "dans les 24 heures", rapporte un proche du président à BFMTV. De plus, le chef de l’État doit s’adresser aux Français, jeudi à 20 heures.

Mais qui prendrait sa place ? Constitutionnellement, rien n’empêche Emmanuel Macron de rappeler Michel Barnier à former le même gouvernement et tenter à nouveau de faire passer son budget avec de nouvelles concessions. Cela provoquerait tout de même la colère de l’opposition, et la dernière prise de parole de Michel Barnier face à l’hémicycle en tant que Premier ministre ressemblait plus à un "adieu" qu’à un "au revoir".

Deux noms semblent alors attirer l’attention du président : Bruno Retailleau, le ministre démissionnaire de l’Intérieur, et Sébastien Lecornu, le ministre démissionnaire des Armées. Ces deux personnalités politiques ont l’avantage de ne pas avoir de griefs avec le RN, qui ne les censurerait probablement pas dès leur arrivée, et leur profil a déjà été étudié par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, analyse BFMTV, ce qui rendrait leur nomination plus rapide. L’un comme l’autre pourrait garder la même équipe gouvernementale, principalement les deux tenanciers de Bercy, Antoine Armand et Laurent Saint-Martin, pour une adoption rapide du budget d’État. Mais il n'est pas sûr que les deux ministres démissionnaires acceptent la mission à haut risque. Emmanuel Macron avait justement nommé Michel Barnier parce qu’il n’avait pas de prétention politique personnelle. Le contexte national ne s’étant pas amélioré depuis cet été, le prochain chef de gouvernement devrait répondre à la même exigence.

Emmanuel Macron pourrait alors décider de nommer un Premier ministre qui formerait un gouvernement technique. Cette personne ne ferait alors pas partie d’un parti politique et n’aurait pas de mandat. Cette option est poussée par certains membres du Parti socialiste.

publié le 4 décembre à 22h58, Philippine Rouviere Flamand, 6Medias

Liens commerciaux