Pour la première fois, Paris et Berlin reliés par le rail à grande vitesse
© ERIC PIERMONT, AFP - Un train TGV INOUI de la SNCF à proximité d'un train à grande vitesse ICE de la Deutsche Bahn à gare de l'Est, à Paris, le 11 janvier 2019
Pour la première fois, Paris et Berlin seront reliés lundi en huit heures par une liaison ferroviaire directe à grande vitesse, un pari allant dans le sens d'une Europe du train, face à la concurrence du transport aérien.
Cette nouvelle liaison, avec un train par jour dans chaque sens, sera inaugurée lundi avec le départ d'un premier train de la gare de l'Est, à Paris, à 9h55. Arrivée prévue à 18h03.
Ce lancement se fera en présence du PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, et de la directrice de la production de la Deutsche Bahn (DB), Anja Shöllman. Il n'y aura en revanche pas de ministre, l'équipe démissionnaire expédiant les affaires courantes en attendant la nomination du nouveau gouvernement de François Bayrou.
En sens inverse, un train inaugural quittera Berlin lundi à 11h54, en présence là aussi de dirigeants des deux compagnies ferroviaires. Il arrivera à Paris huit heures plus tard, à 19h54.
"Pour la première fois de l'histoire ferroviaire entre les deux pays", les deux capitales "seront directement reliées de centre-ville à centre-ville, à grande vitesse", souligne la SNCF.
La liaison sera assurée par des ICE, les trains à grand vitesse allemands, et non les TGV français.
Ils desserviront aussi Strasbourg et, en Allemagne, les gares de Karlsruhe et Francfort.
Il n'existe pas à l'heure actuelle de train direct entre Paris et Berlin. Il faut plus de huit heures pour joindre les deux capitales avec au moins un changement.
- Argument écologique -
SNCF Voyageurs et la Deutsche Bahn avaient annoncé cette nouvelle liaison directe en mai 2022, la promettant initialement pour fin 2023. En septembre 2024, la date d'inauguration avait finalement été fixée au 16 décembre, avec un prix d'entrée à 59,99 euros en seconde classe et 69,99 euros en première classe.
Les prix seront dans les faits soumis au "yield management", un système de tarification qui module les montants en fonction du taux de remplissage des trains.
Les deux exploitants ferroviaires insistent sur l'argument écologique, soulignant qu'un Paris-Berlin en train émet 2kg de CO2 par passager, contre 200 kg pour un voyage en avion.
Ils font aussi le pari que les huit heures de trajet n'effraieront pas les voyageurs, sur fond d'engouement pour le train. "Il y a de plus en plus de gens pour qui ça ne pose pas de problème, tant mieux !", avait lancé Jean-Pierre Farandou lors de l'annonce du projet, en mai 2022.
Avec cette ligne à grande vitesse, le nombre de liaisons quotidiennes entre la France et l'Allemagne va passer de 24 à 26.
En décembre 2023, la relance du train de nuit entre les deux capitales avait déjà donné lieu à une grande opération de communication de la SNCF et de la Deutsche Bahn. Avant sa suspension plusieurs mois pour travaux, entre août et octobre dernier.
L'Union européenne vise le doublement du trafic ferroviaire international à grande vitesse sur le continent d'ici 2030 et le triplement d'ici 2050, pour respecter ses engagements climatiques.
Cela signifie ajouter "20.000 km de lignes à grande vitesse" d'ici 2050 sur le continent, qui en compte aujourd'hui 11.300, avait relevé en septembre le responsable de la longue distance à la Deutsche Bahn, Michael Peterson.
Pour ce faire, le continent a cependant de grands chantiers devant lui, à commencer par l'extension d'un système de signalisation standardisé.
publié le 16 décembre à 07h48, AFP