Société

Flambée de la grippe: ne pas délaisser les gestes barrières...et se faire vacciner

  • L'épidémie de grippe flambe-t-elle en France en raison d'un relâchement des gestes barrières et d'une vaccination insuffisante?
    ©Martin BUREAU, AFP - L'épidémie de grippe flambe-t-elle en France en raison d'un relâchement des gestes barrières et d'une vaccination insuffisante?
  • L'épidémie de grippe flambe-t-elle en France en raison d'un relâchement des gestes barrières et d'une vaccination insuffisante?
    ©Fred TANNEAU, AFP - L'épidémie de grippe flambe-t-elle en France en raison d'un relâchement des gestes barrières et d'une vaccination insuffisante?

L'épidémie de grippe flambe-t-elle en France en raison d'un relâchement des gestes barrières et d'une vaccination insuffisante? Ce sont des facteurs parmi d'autres, selon des professionnels de santé, qui évoquent aussi la coexistence de différentes souches de la maladie et des contacts accrus pendant les fêtes.

"Les patients ont moins le réflexe de porter le masque, on en voit en salle d'attente qui viennent sans masque, on en distribue", observe le Dr Urfan Ashraf, secrétaire général de SOS Médecins.

"Les gestes barrières, le réflexe du lavage des mains, des solutions hydroalcooliques, d'aérer, est moindre ces derniers temps: ça fait partie des éléments de transmission", dit-il à l'AFP.

Mais d'autres facteurs jouent.

La période des fêtes de fin d'année a accru les contacts alors que des cabinets de médecine de ville étaient fermés, diminuant l'offre de soins quand la demande grimpait.

En outre, deux souches de grippe coexistent, A (H1N1) et B (Victoria), alors qu'elles se succèdent plutôt d'ordinaire, et une troisième monte en puissance, A (H3N2).

Ce phénomène renforce la circulation du virus, qui touche aussi des patients "plus jeunes que d'habitude, des grands enfants et des adultes jusqu'à 50 ans", selon le virologue Bruno Lina.

Ce profil de patients accroît la demande de soins, estime le Dr Ashraf. "Des courbatures très importantes, des maux de tête, des vertiges, des douleurs musculaires, articulaires, des frissons, la fièvre qui monte à 40, ça peut être impressionnant pour quelqu'un qui n'a pas l'habitude" et "quand il tolère mal tous ces symptômes, son réflexe est: + J'ai besoin d'un médecin+", dit-il.

- "Situation tendue" -

L'épidémie de grippe saisonnière, qui dure habituellement dix à douze semaines, s'est intensifiée début janvier, avec des hospitalisations d'un niveau "exceptionnellement élevé" comparé aux saisons précédentes, a observé mercredi Santé publique France.

Le nombre de décès en lien avec la grippe, principalement chez les plus de 65 ans, a grimpé.

Pour s'en prémunir, les autorités martèlent que la vaccination reste une protection majeure surtout contre les formes graves.

Elle est spécialement recommandée aux 65 ans et plus, aux immunodéprimés, aux nourrissons de plus de 6 mois atteints de comorbidités, aux femmes enceintes et résidents d' établissements médico-sociaux.

Or, cette saison, "la campagne de vaccination a démarré très difficilement", observe Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, rappelant que la grippe est "mortelle pour les gens fragiles".

Dans les maisons de retraite, "il n'y a pas de pic massif de l'épidémie", tempère Jean-Christophe Amarantinis, président du Synerpa, principal syndicat des Ehpad privés.

Mais "il faut encourager les personnels et résidents à se faire vacciner et respecter les gestes barrières", note Pierre Roux, président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées, et "on essaie de faire de la pédagogie".

"Le bonnet d'âne malheureusement revient aux soignants, alors qu'ils sont au contact de malades et peuvent transmettre les virus", regrette M. Besset.

Interrogé sur un possible retour d'une obligation vaccinale pour les soignants, le ministre chargé de la Santé Yannick Neuder a estimé vendredi, lors d'un déplacement à l'hôpital Cochin à Paris, que "la question se posera" à l'avenir.

Si la couverture vaccinale devrait "être un peu meilleure que l'an dernier", elle demeure "faible" avec quelque 10,3 millions de doses anti-grippe distribuées jusqu'ici, selon Philippe Besset.

Jusqu'à fin janvier, il reste possible de se faire vacciner.

"Quand on regarde les arrivées aux urgences, notamment les cas de complications, ce sont pour plus de 70% des gens (...) pas vaccinés", a insisté la ministre Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarités, Famille) sur Europe 1/CNews vendredi matin.

Devant l'afflux de malades dans leurs urgences, 87 établissements hospitaliers ont déclenché un "plan blanc", dispositif permettant de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés, selon le ministère de la Santé.

A Cochin, où, comme ailleurs à l'AP-HP, il n'y a pas de plan blanc, "la situation est tendue" mais moins que dans certains territoires, a observé Florence Dumas, médecin aux urgences.

Le port du masque est redevenu obligatoire dans certains hôpitaux: Abbeville, Libourne, Le Havre, Calais...

Après la pandémie de Covid, "on a eu un peu tendance, collectivement, à oublier les gestes barrières", a jugé Yannick Neuder, appelant à se masquer en cas de symptômes, éternuer ou tousser "dans son pli du coude", se laver les mains régulièrement.

publié le 10 janvier à 15h02, AFP

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