Politique

Non-lieu pour François Asselineau dans l'enquête pour harcèlement et agressions sexuelles

Le président de l'UPR François Asselineau à Paris, le 19 octobre 2021

© Julien DE ROSA, AFP - Le président de l'UPR François Asselineau à Paris, le 19 octobre 2021

Quatre ans après deux plaintes dénonçant un harcèlement moral et des agressions sexuelles commis par le président de l'UPR François Asselineau au préjudice de deux collaborateurs, un non-lieu a été ordonné, une décision qui fait toutefois l'objet d'un appel.

Deux juges d'instruction du tribunal judiciaire de Paris ont rendu le 6 décembre une ordonnance de non-lieu, ont indiqué jeudi à l'AFP une source proche du dossier, confirmée par le parquet de Paris.

Le ministère public a précisé à l'AFP faire appel de cette décision.

Ces deux magistrats "qui ont enquêté de façon approfondie pendant plus de trois ans sur les accusations qui avaient été lancées à l'encontre de François Asselineau en 2020 (...) ont ainsi rejeté l'ensemble des sept chefs de mise en examen qui avaient été retenus contre (lui) et qui comprenaient des accusations d'+agression sexuelle+ et de +harcèlement+", a réagi auprès de l'AFP Me Pierre Darkanian, avocat du chef de l'Union populaire républicaine (UPR), âgé de 67 ans.

"François Asselineau exprime sa satisfaction concernant cette décision" et "réaffirme sa sérénité dans le cadre de cet appel (du parquet) et attend que la chambre de l'instruction confirme l'abandon de toute charge à son encontre", a précisé Me Darkanian.

Le parquet avait requis le 14 décembre 2023 que M. Asselineau soit jugé devant le tribunal correctionnel "pour tentatives d'agression sexuelle aggravée et harcèlement moral au travail auprès de deux de ses collaborateurs, ainsi que pour actes d'intimidation en vue de déterminer l'un d'eux à ne pas déposer plainte", a-t-il détaillé.

Une enquête préliminaire avait été ouverte le 15 mai 2020 pour étudier la plainte déposée dix jours auparavant par "un collaborateur au sein de l'UPR qui affirmait avoir été harcelé dès son embauche en 2019 et s'être vu imposer des baisers", a rappelé le parquet.

Un second collaborateur avait porté plainte le 25 juin 2020 "pour des faits similaires" commis "en 2018", a-t-il ajouté.

Ces plaintes avaient été déposées à Paris et dans l'Allier. Par ailleurs, un ancien cadre avait fait un signalement au procureur de la République.

- "Calomnies" -

François Asselineau avait été placé en garde à vue en février 2021. Il avait alors été confronté aux deux plaignants qui avaient maintenu leurs versions des faits.

Lui avait nié toute agression sexuelle, d'après Libération, mais avait "admis avoir été insistant auprès d'eux, parlant d'amour réciproque".

Toujours selon le quotidien, il avait également avoué être "l'auteur de lettres qu'il avait pré-écrites pour ses victimes, dans lesquelles elles revenaient sur leurs accusations".

Le président du parti pro "Frexit" avait contesté les accusations, les qualifiant de "calomnies".

Les investigations avaient été confiées à deux juges d'instruction.

A l'issue de sa garde à vue, le chef de l'UPR avait été mis en examen pour harcèlement moral, harcèlement sexuel, agressions sexuelles par personne ayant autorité et intimidation d'une victime et placé sous contrôle judiciaire.

Son entourage avait alors dénoncé une "procédure judiciaire initiée par deux anciens employés du mouvement, concomitamment à une tentative de prise de contrôle de l'UPR par une poignée d'adhérents".

Au printemps 2020, des cadres du mouvement avaient réclamé sa démission, évoquant "l'existence de relations particulières et plus qu'insistantes de (la) part" de M. Asselineau avec des salariés de l'UPR, "source de graves souffrances psychologiques".

Ayant échoué à le faire partir, ils avaient ensuite demandé qu'il se mette "en retrait" pendant les procédures judiciaires.

François Asselineau, dont les discours ont parfois des accents complotistes, avait néanmoins convoqué un congrès virtuel en juillet 2020 lors duquel il avait été réélu haut la main à la tête du parti qu'il a fondé en 2007.

Il a été reconduit en 2023 à la tête de l'UPR.

Partisan d'une sortie de la France de l'Union européenne, de l'euro et de l'Otan, il avait obtenu 0,92% des voix à la présidentielle de 2017.

publié le 26 décembre à 17h21, AFP

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