Marine Le Pen affirme que la censure n'est pas "inéluctable" à condition que Michel Barnier accepte de négocier
© Blondet Eliot/ABACA
Dans un entretien accordé à La Tribune dimanche, Marine Le Pen a affirmé que la censure du gouvernement n'était pas "inéluctable" à condition que le Premier ministre accepte de négocier sur plusieurs dispositions du budget considérées comme des "lignes rouges" par le parti lepéniste.
Le Rassemblement national votera-t-il une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier ? Alors que la pression sur le Premier ministre est de plus en plus insistante à l'occasion du vote du budget 2025, Marine Le Pen a fait savoir dans une interview à La Tribune dimanche que la censure "n'est pas inéluctable" dans le cas où Michel Barnier accepte de négocier avec son groupe sur les textes budgétaires. Assurant vouloir rester "constructive", la cheffe de file des députés RN a lancé un ultimatum au locataire de Matignon : dans le cas où il refuserait de négocier avec le Rassemblement national, ce sera lui qui prendra "la décision du déclenchement de la censure".
L'étau s'apprête en effet à se resserrer sur Michel Barnier. À partir de lundi 2 décembre, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) doit revenir à l'Assemblée nationale avant que les députés ne se prononcent sur un texte dont plusieurs dispositions irritent les oppositions, à l'instar du déremboursement des médicaments, de l'allègement des cotisations patronales ou de la désindexation partielle des retraites.
Le risque d'une alliance de la gauche et du RN
Alors qu'il ne bénéficie d'aucune majorité dans la chambre basse du Parlement, Michel Barnier pourrait être tenté d'activer l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le texte sans vote. Une procédure risquée, puisqu'en cas de motion de censure, si le parti lepéniste venait à joindre ses voix à celles de la gauche, alors le gouvernement serait renversé.
Reçue lundi dernier à Matignon, Marine Le Pen a en outre déploré dans son interview que le chef du gouvernement n'ait pas contacté plus tôt le RN pour préparer le budget 2025, tout en soulignant que si son parti n'avait pas voulu participer au budget, alors elle "aurait fait censurer le Premier ministre dès sa nomination". Expliquant avoir "tiré à peine 10%" des mesures présentes dans le contre-budget de son mouvement, la triple candidate à l'élection présidentielle a expliqué que les lignes rouges de son parti restent "raisonnables". Gênée par un gouvernement qui "donne de la main droite ce qu'il récupère de la main gauche", Marine Le Pen a tenu à rappeler qu'aujourd'hui son mouvement est le premier groupe à l'Assemblée nationale, expliquant avoir des "électeurs qui ont le droit d'être entendus".
publié le 1 décembre à 10h48, Kévin Comby, 6Medias