Politique

Législatives: le camp macroniste promet du "changement", Hollande et Mélenchon s'écharpent

  • Le président Emmanuel Macron le 20 juin 2024 au palais de l'Elysée
    ©André PAIN, AFP - Le président Emmanuel Macron le 20 juin 2024 au palais de l'Elysée
  • Le président Emmanuel Macron le 20 juin 2024 au palais de l'Elysée
    ©Alain JOCARD, AFP - Le Premier ministre Gabriel Attal lors d'une conférence de presse intitulée "le jour d'après", présentant les mesures phares du programme d'Ensemble pour la République pour les législatives, le 20 juin 2024 à Paris
  • Le président Emmanuel Macron le 20 juin 2024 au palais de l'Elysée
    ©Anne-Christine POUJOULAT, AFP - Rachida Dati, ministre de la Culture, à Paris le 11 mars 2024.

Promis, il y aura "un changement": à une semaine du premier tour des législatives, Emmanuel Macron et ses troupes assurent que la gouvernance sera plus collaborative en cas de victoire, quand le Nouveau Front populaire s'embourbe dans la guerre des chefs pour Matignon.

"J'ai entendu que vous vouliez que cela change": dans une lettre publiée dimanche soir dans la presse quotidienne régionale, Emmanuel Macron a tracé quelques perspectives pour l'après 7 juillet. Et quand bien même son camp se trouve en difficulté dans les sondages, il a juré d'"agir jusqu'en mai 2027", battant ainsi en brèche l'idée portée par certains de ses adversaires, Marine Le Pen en tête, qu'il soit contraint à la démission en cas de défaite.

Parmi ses promesses "des réponses beaucoup plus fortes et fermes" sur "l'insécurité, l'impunité". "Le prochain gouvernement devra refonder la politique de l'enfance, protéger mieux nos jeunes et lutter plus fortement contre toutes les discriminations", plaide-t-il aussi en relevant la "demande forte de justice sociale".

Surtout, en disant mesurer "le malaise démocratique", M. Macron admet que "la manière de gouverner doit changer profondément". Un constat largement partagé par ses ouailles, à commencer par Gabriel Attal, persuadé de pouvoir déjouer les pronostics dans un paysage politique fortement polarisé autour de trois offres: celle du Rassemblement national et de ses alliés de droite, créditée de 35% à 36% des intentions de vote selon les enquêtes du week-end; celle du Nouveau Front populaire (27% à 29,5%); et le camp macroniste, à la traîne (19,5 à 22%).

Chef de file de son camp, alors que M. Macron accuse une forte baisse de popularité, M. Attal attend de cette élection "une légitimation supplémentaire" qui le renforcerait à son poste. Un avantage qu'il entend exploiter par un changement "dans la pratique du pouvoir", a-t-il assuré sur le plateau du Grand Jury RTL/M6/Le Figaro.

"Le message qui nous a été envoyé" avec les européennes "c'est aussi évidemment que dans la méthode, dans la gouvernance, on doit faire mieux (...) en allant chercher des coalitions avec les Français, avec la société civile", a-t-il détaillé.

En écho, et alors que ses troupes multiplient les mains tendues à droite comme à gauche, M. Macron a dit souhaiter un gouvernement qui "rassemblera les républicains de sensibilités diverses qui auront su par leur courage s'opposer aux extrêmes".

"Aujourd'hui la coalition, ça n'est pas une option, c'est une obligation pour préserver la France qu'on aime", a insisté auprès de l'AFP la présidente sortante de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.

- "Projet souterrain" -

De son côté, l'alliance de gauche, s'est de nouveau embourbée dans les spéculations autour de son candidat pour Matignon. Samedi soir, Jean-Luc Mélenchon a relancé le juke box en disant son "intention de gouverner ce pays".

"Si j'ai un message à faire passer, c'est que Jean-Luc Mélenchon (...), s'il veut rendre service au Nouveau Front populaire, il faut qu'il se mette de côté, qu'il se taise", a grincé en retour dimanche devant des journalistes l'ancien président François Hollande, lui-même candidat en Corrèze.

Et d'enfoncer le clou: "quand il y a plus de rejet sur Jean-Luc Mélenchon que sur (Marine) Le Pen ou (Jordan) Bardella, il y a un moment où il faut avoir conscience de quel est l'intérêt général".

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel s'est pour sa part fendu d'un communiqué protestant qu'une éventuelle entrée à Matignon de M. Mélenchon n'avait "jamais fait l'objet d'un accord du Nouveau Front populaire".

M. Mélenchon a répliqué à François Hollande, de Montpellier où il tenait meeting, en affirmant que "la popularité n'est pas du côté qu'il croit", alors que se faisaient entendre des huées du public quand il a mentionné le nom de l'ancien président.

Et Gabriel Attal s'est infiltré dans la brèche en demandant au nom de la "clarté" dimanche, auprès du Figaro, que M. Mélenchon remplace le coordinateur de LFI Manuel Bompard au débat télévisé prévu mardi et auquel Jordan Bardella doit aussi participer.

Si au Rassemblement national Jordan Bardella ne fait pas débat pour Matignon, la question de sa capacité à tenir les commandes du pays, elle, offre des angles d'attaque à ses adversaires.

"Je crois profondément que le Rassemblement national n'est pas prêt à gouverner", a encore martelé Gabriel Attal, en raillant les "conditions suspensives" posées par le patron du parti qui réclame une majorité absolue pour accepter le poste de Premier ministre.

"Cent fois, oui, nous sommes prêts et nous avons élargi notre capacité de rassemblement", a répondu le député RN Sébastien Chenu sur Radio J, alors que son parti doit dévoiler lundi matin ses "priorités du gouvernement d'union nationale".

publié le 23 juin à 23h38, AFP

Liens commerciaux