Bruno Retailleau et Didier Migaud dévoilent leur plan pour lutter contre le narcotrafic
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Alors que la France a récemment été touchée par plusieurs fusillades meurtrières, les ministres de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et de la Justice, Didier Migaud, se sont rendus à Marseille, vendredi 8 novembre, pour annoncer des mesures destinées à renforcer la lutte contre le narcotrafic.
Vendredi 8 novembre, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et le ministre de la Justice, Didier Migaud, sont arrivés à Marseille pour donner une conférence de presse. Les deux hommes politiques ont ainsi annoncé plusieurs mesures pour lutter contre le narcotrafic et éviter la "mexicanisation" de la France, selon le terme employé régulièrement par le patron de Beauvau. "Nous sommes ici pour conjurer le sort", a ainsi déclaré le garde des Sceaux, précisant qu’il comptait se "donner les moyens de prévenir, de poursuivre, de juger et de punir", plus sévèrement les personnes impliquées dans le narcotrafic en France. "Ma main ne tremblera pas […] Il faut frapper les criminels au portefeuille", a-t-il indiqué.
Pour ce faire, Didier Migaud a appelé le ministère de l'Économie à "scanner l'ensemble du patrimoine et des mesures d'urgences de gel des avoirs" des trafiquants de drogue. Ces derniers devraient également bientôt être concernés par une autre mesure détaillée par le ministre de l'Intérieur, à savoir "une interdiction de paraître sur et autour du point de deal" une fois qu'ils ont été identifiés par la justice. Lors de la conférence de presse, les deux hommes politiques ont aussi révélé qu'ils comptaient s’attaquer aux consommateurs en donnant aux autorités "les moyens de sanctionner".
À cela, le garde des Sceaux veut ajouter l'assouplissement de "l'excuse de minorité pour les plus de 16 ans" dans les "cas les plus graves". Désormais, les personnes de plus de 16 ans impliquées dans le narcotrafic pourront avoir accès à la procédure de comparution immédiate, ce qui était impossible auparavant. Concernant le régime de protection des repentis, il devrait être amélioré. Le ministre de la Justice souhaite en effet le modifier, préférant que celui-ci repose sur le fait que toute personne prévenant la justice d'un crime sera exemptée de peine ou condamnée à une sanction réduite. Un modèle largement inspiré de la lutte contre la mafia en Italie.
Une hausse des narchomicides en France
Les ministres de la Justice et de l’Intérieur ont profité de leur prise de parole pour annoncer l’ouverture d’une "cellule de coordination nationale chargée de dresser un état de la menace, mais aussi de déterminer une stratégie opérationnelle et de la mettre en œuvre". Une mesure qui sera complétée par la mise en place d'un magistrat de liaison à Bogota (Colombie) et d'un quatrième magistrat dédié à la criminalité organisée auprès de l'UE. En parallèle, il y aura aussi la création de cinq postes de juges supplémentaires, à Paris, ainsi que de nouveaux quartiers spécifiques, dédiés au narcotrafic, qui devraient ouvrir dans les prisons. "Il y aura un avant et un après. Il n’est pas trop tard pour agir", a conclu Bruno Retailleau.
Cette prise de parole des ministres de l’Intérieur et de la Justice intervient dans un contexte où les affaires d’homicides liés au narcotrafic (ou narchomicides) ont drastiquement augmenté. Comme l’a révélé le bilan de la Police judiciaire, relayé par le JDD le 1er novembre dernier, près de 182 affaires liées au narcotrafic ont été enregistrées lors des six premiers mois de l’année 2024. L’année passée, en 2023, les forces de l’ordre avaient enregistré 418 narchomicides, un record et une hausse de 38 % par rapport à 2022.
publié le 8 novembre à 12h15, Tanguy Jaillant, 6Medias