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Sénégal: révoqué, le maire de Dakar évoque un recours et dénonce une "dictature"

Le maire de Dakar, Barthélémy Dias, lors d'un meeting à Dakar, le 14 mars 2023

© JOHN WESSELS, AFP - Le maire de Dakar, Barthélémy Dias, lors d'un meeting à Dakar, le 14 mars 2023

Le maire de Dakar Barthélémy Dias, officiellement révoqué vendredi par l'Etat en raison d'une condamnation pour homicide, a évoqué un recours contre cette décision, avant d'être interrompu par une intervention policière à la mairie.

"Personne ne peut me démettre de cette fonction tant que mon droit de recours n'est pas exercé", a déclaré vendredi à la presse M. Dias, ancien proche du Premier ministre Ousmane Sonko avec lequel il s'est ensuite brouillé, sans détailler le type de recours envisagé et auprès de quelle institution.

La déclaration de cette personnalité politique nationale a été interrompue par des policiers qui ont défoncé une porte d'une salle de la mairie où il avait prévu de tenir une conférence de presse, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les policiers sont entrés et ont fait sortir les personnes qui s'y trouvaient, dont des conseillers municipaux et des journalistes.

"La police est en train d'exécuter une commande politique", a dénoncé M. Dias.

"C'est de la dictature", a-t-il ensuite déclaré à l'AFP.

La coalition qui a investi M. Dias "condamne avec la plus grande fermeté la décision arbitraire visant à prononcer (sa) démission", dans un communiqué publié vendredi.

Elle dénonce "l'incursion brutale, scandaleuse et injustifiée des forces de l’ordre à l'hôtel de ville de Dakar" et précise que "le maire dispose d'un délai de dix jours pour interjeter appel de la décision" du préfet.

La police ne s'est pas exprimée sur son intervention dans la mairie, située dans le centre-ville de Dakar.

Dans la matinée, l'arrêté du préfet de Dakar, daté de mercredi et confirmé à l'AFP par l'entourage de M. Dias, avait été publié sur les réseaux sociaux.

"Je vous déclare démissionnaire de votre mandat de conseil municipal de la Ville de Dakar, à compter de la date de notification" de la mesure, indique-t-il.

La procédure de destitution a été initiée par un partisan du pouvoir, qui a saisi le préfet de Dakar à propos de la condamnation définitive de M. Dias à deux ans de prison, dont six mois ferme, pour un homicide en 2011 dans un contexte de violences politiques.

Cette peine, prononcée en 2017, confirmée en appel en 2022 et validée par la Cour suprême en 2023, entraîne une peine d'inéligibilité de cinq ans, selon un document de la préfecture.

La révocation du titre de conseil municipal entraîne automatiquement celle de maire de Dakar, ont affirmé à l'AFP deux experts des textes sur les collectivités locales au Sénégal.

Le ministère chargé des Collectivités locales n'a pas répondu vendredi aux sollicitations de l'AFP sur le sujet.

Le maire de Dakar a "bien reçu" les documents l'informant de sa déchéance comme conseiller municipal, une semaine après avoir été déchu de son poste de député, a affirmé vendredi à l'AFP une membre de son entourage, sans faire de commentaires.

M. Dias avait déclaré le 9 novembre qu'il résisterait à d'éventuelles tentatives de la part du nouveau gouvernement de le déchoir de son mandat de maire de la capitale sénégalaise.

L'Assemblée nationale l'a déchu le 6 novembre de son mandat parlementaire à la demande du ministère de la Justice en raison de sa condamnation pour homicide.

M. Dias avait été élu maire de Dakar en 2022 dans une coalition l'alliant au parti Pastef d'Ousmane Sonko, opposant du président de l'époque Macky Sall.

MM. Dias et Sonko se sont brouillés en 2023, avant la présidentielle de mars 2024, où M. Sonko a fait élire son second Bassirou Diomaye Faye, avant d'être nommé chef du gouvernement en avril.

La rude confrontation politique entre MM. Sonko et Dias a donné lieu à des incidents au cours de la campagne pour les législatives de novembre, remportées haut la main par le camp du Premier ministre.

Le mentor de M. Dias, Khalifa Sall, avait été déchu de son poste de maire par décret présidentiel en 2018 à la suite d'une condamnation pour des malversations.

publié le 13 décembre à 20h32, AFP

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