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Espagne : accusés de violences conjugales, des hommes exploitent les failles de la "loi trans"

© Pixabay - Une loi permettant la liberté de trans est détournée en Espagne.

La loi espagnole facilite désormais le changement de sexe à l'état civil. Cette disposition, pensée pour favoriser la liberté de genre, est détournée par des hommes auteurs de violences conjugales pour échapper à la justice, rapporte Le Figaro.

Une loi émancipatrice détournée par des auteurs de violences conjugales. Dans le Pays basque espagnol, à Saint-Sébastien, un homme était accusé d'avoir attaqué au couteau sa femme et leurs deux filles. En Espagne, être un homme auteur de violences sur une femme est une circonstance aggravante. Pour y échapper, l'intéressé s'est empressé de changer son sexe légal à l'état civil, sans avoir informé ses proches d'une telle volonté ni changé son apparence physique ou son prénom, explique Le Figaro.

La "loi trans" permet depuis 2024 ce changement de sexe si l'on manifeste un "désaccord avec le sexe mentionné sur l'acte de naissance". En Andalousie, un tribunal sévillan spécialisé dans les affaires de violences faites aux femmes s'est également dessaisi d'un dossier après le changement de genre, sur le papier, d'une personne accusée. Cette dernière avait déjà usé de plusieurs recours pour échapper à la prison.

Un phénomène très marginal

Cette loi sur l'auto-détermination de genre est désormais accusée par certains médias espagnols, dont El Pais, d'offrir une échappatoire aux hommes auteurs de violences sur les femmes. "Toutes les lois ont des failles qui sont exploitées pour commettre des fraudes à la loi. Le problème est que dans ce cas, la fraude se commet contre les victimes", affirme l'avocat Jose Antonio Sires, interrogé par Le Figaro.

Le phénomène est à nuancer. Ces cas ne représentent qu'une infime proportion des 6 000 changements de sexe recensés dans le pays en 2024, d'après la ministre de l'Égalité espagnole, Ana Redondo. Ils sont aussi exploités par des milieux ultra-conservateurs espagnols, et notamment par le parti d'extrême droite Vox, qui se montre hostile à la loi trans, mais aussi à la loi contre les violences de genre de 2004.

publié le 28 août à 19h22, Emmanuel Davila, 6Medias

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