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Conférence de Paris: un milliard de dollars pour le Liban et son armée

  • Le Premier ministre libanais Najib Mikati, à gauche, et le président français Emmanuel Macron, à droite, lors de la conférence internationale sur le Liban à Paris, le 24 octobre 2024
    ©Alain JOCARD, AFP - Le Premier ministre libanais Najib Mikati, à gauche, et le président français Emmanuel Macron, à droite, lors de la conférence internationale sur le Liban à Paris, le 24 octobre 2024
  • Le Premier ministre libanais Najib Mikati, à gauche, et le président français Emmanuel Macron, à droite, lors de la conférence internationale sur le Liban à Paris, le 24 octobre 2024
    ©Alain JOCARD, AFP - La conférence a réuni plus de 70 participants, dont les chefs de la diplomatie allemande Annalena Baerbock, canadienne Mélanie Joly ou le vice-ministre saoudien des Afffaires étragnères Waleed Elkhereiji et pour l'Union européenne Josep Borrell, ainsi qu'une quinzaine d'organisations internationales

La communauté internationale "a été à la hauteur de l'enjeu" financier, selon Paris. La conférence pour le Liban, initiée par le président Emmanuel Macron, a permis de récolter un milliard de dollars pour les Libanais et leur armée, à défaut d'avancées diplomatiques.

"Nous avons répondu à l'appel lancé par les Nations unies en annonçant des contributions substantielles, 800 millions de dollars auxquels s'ajoutent d'importantes contributions en nature", s'est félicité le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.

Quelque 200 millions seront, eux, destinés à l'armée libanaise. Sans compter les aides en nature.

C'est le double de l'objectif initial de la France et bien plus que les 400 millions réclamés par l'ONU début octobre, dont elle n'avait jusqu'ici perçu que 15%, selon le Pnud.

Si le président Emmanuel Macron a exhorté à faire cesser "au plus vite" les hostilités au Liban, l'absence des deux principaux protagonistes, Israël et l'Iran, soutien du mouvement islamiste Hezbollah, hypothéquait d'emblée toute avancée significative au niveau diplomatique.

Et les combats se sont poursuivis jeudi: Israël a visé des dépôts d'armes du Hezbollah tandis que le mouvement islamiste a revendiqué des tirs de roquettes vers le nord d'Israël et fait état de combats "à bout portant" dans le sud du Liban.

Jean-Noël Barrot a néanmoins souligné que les participants, venant de 70 pays, s'étaient "accordés sur l'urgence d'une solution diplomatique", qui passe par la pleine mise en œuvre de la résolution 1701, "avec un arrêt des hostilités de part et d'autre de la frontière".

- 'Civilisation' contre 'barbarie' -

Cette résolution des Nations Unies, qui avait acté la fin de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, stipule que seuls les Casques bleus et l'armée libanaise doivent être déployés dans le sud du Liban frontalier d'Israël.

L'idée est désormais de déployer "massivement" les soldats libanais dans cette zone, "de renforcer la capacité de la Finul", la Force onusienne déployée dans le sud du Liban, a souligné Jean-Noël Barrot, tandis que Macron a estimé qu'il ne pouvait y avoir de retour au statu quo.

La communauté internationale doit "soutenir les efforts pour mettre fin aux agressions en cours et mettre en œuvre un cessez-le-feu immédiat", a déclaré de son côté le Premier ministre libanais Najib Mikati.

Les Etats-Unis sont le plus gros contributeurs avec une enveloppe de 300 millions de dollars, devant la France (108 millions) et l'Allemagne (103).

"Nous exigeons que le Hezbollah cesse ses (...) frappes indiscriminées" contre Israël, a asséné le président français.

"On parle beaucoup de guerre de civilisation (..) Je ne suis pas sûr qu'on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie", a-t-il aussi lâché en référence à Benjamin Netanyahu, qui affirme défendre la civilisation judéo-chrétienne dans le combat israélien à Gaza ou au Liban.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a, lui, souligné que "le nombre de civils blessés au Liban était inacceptable".

Dans un discours audiovisuel, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a appelé "les dirigeants libanais à prendre des mesures résolues pour assurer le bon fonctionnement des institutions de l'État".

- L'armée, acteur clé -

Jean-Noël Barrot les a en outre exhortés à élire de toute urgence un président alors que la vacance dure depuis près de deux ans. "Il est inconcevable de laisser aujourd'hui le Liban sans président" car "c'est la condition de la préservation de l'existence même de l'état libanais", a-t-il dit.

Paralysé depuis des années par une crise politique et économique, le Liban est désormais le théâtre d'une guerre entre Hezbollah, soutenu par l'Iran, et Israël.

Les affrontements ont fait plus de 800.000 déplacés, selon l'ONU. En Israël, 60.000 personnes ont également dû quitter leur foyer depuis un an du fait de frappes du Hezbollah.

Dans un appel commun, plus de 150 ONG, dont Oxfam ou le Danish refugee council (DRC) ont dénoncé "le mépris flagrant de la communauté internationale pour le droit international", qui a permis "l'impunité totale du gouvernement israélien à Gaza, en Cisjordanie et maintenant au Liban".

La conférence de Paris est en ce sens une "instrumentalisation" de la "raison humanitaire", "une forme de paravent moral" employé par les participants "pour ne pas aller dans le dur et remettre en question sur le fond les partenariats, notamment vis-à-vis de l’Etat d’Israël", a estimé Jean-François Corty, président de Médecins du monde devant la presse.

Le soutien (financier, en équipements ou via des formations) à l'armée libanaise est un éléments-clé de la conférence de Paris alors que le Premier ministre libanais souhaite les déployer plus largement au sud du fleuve Litani, zone visée par les frappes israéliennes pour déloger le Hezbollah.

Au moins 1.552 personnes ont été tuées au Liban en un mois, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

publié le 24 octobre à 18h44, AFP

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