Paris: enquête pour assassinat après la mort d'un adolescent de 16 ans lors d'une rixe
Une personne a été interpellée dans l'enquête menée pour assassinat après le meurtre d'un adolescent de 16 ans par arme blanche mardi matin à proximité du lycée Rodin dans le XIIIe arrondissement de Paris lors d'une rixe entre bandes rivales.
D'abord ouverte pour meurtre, l'enquête a été requalifiée durant la journée en "assassinat", soit un meurtre avec préméditation, a indiqué le parquet de Paris.
Il "s'inscrit dans la continuité d'un phénomène de rixes entre jeunes récurrentes sur le secteur du XIIIe arrondissement, où huit affrontements ont été constatés depuis le mois de mai 2024", a détaillé le parquet.
Un participant à l'altercation a été interpellé, a indiqué une source policière, précisant que les protagonistes avaient également fait usage de gaz lacrymogène et que l'arme du meurtre, un couteau, avait été jetée dans la cour du collège-lycée.
"Il est trop tôt pour affirmer si la personne interpellée sur place (également née en 2008) a été directement impliquée dans ce décès", a précisé le parquet.
Les faits se sont déroulés peu avant 08H00 à une centaine de mètres de l'établissement scolaire lors d'une rixe.
A l'arrivée des policiers, "les protagonistes avaient pris la fuite", a déclaré une seconde source policière. Un mineur "se trouvait en arrêt cardio-respiratoire (...) présentant des blessures à la tête", a ajouté le parquet, précisant qu'en "dépit des tentatives de réanimation du Samu", le décès de l'adolescent, demeurant dans la ville d'Ivry avait été constaté à 09H15.
D'après le ministère de l'Education nationale, la victime était âgée de 16 ans et scolarisée dans un lycée professionnel à Alfortville dans le Val-de-Marne, département limitrophe du XIIIe arrondissement.
En fin de matinée, la rue devant l'établissement était bouclée par les forces de l'ordre, a constaté une journaliste de l'AFP.
L'enquête pour meurtre a été confiée à la sûreté territoriale de Paris.
- "La pire bagarre" -
La plupart des élèves étaient déjà entrés dans l'établissement au moment des faits, a précisé le maire du XIIIe, Jérôme Coumet, présent sur place.
"Pour l'instant, on ne comprend pas la localisation de ce drame" parce qu'"il n'y avait pas de signes avant-coureurs dans les établissements du secteur qui auraient pu nous mettre en éveil", a souligné le maire devant la presse.
"Ce matin, il a dû dire au revoir à ses parents. Je me mets à la place de ses parents, je suis tellement triste là", soupire Émile, 16 ans, scolarisé dans le lycée.
Selon Maïssa, 16 ans, scolarisée au lycée Rodin, "vers 08H15-20, des policiers ont commencé à venir, des gens sont venus inspecter (une) salle" de cours.
Une équipe mobile de sécurité, la brigade régionale de sécurité, et une cellule d'appui psychologique "aussi bien en soutien de la communauté éducative que des élèves", ont été déployées, a indiqué le ministère de l'Education.
Entre 2022 et 2023, les rixes entre bandes rivales ont progressé de 10% dans l'agglomération parisienne, atteignant 413 faits contre 375, selon les éléments communiqués par la préfecture de police de Paris. Il y a eu quatre décès en 2023 contre trois en 2022.Le nombre de blessés a augmenté de 26% et celui d'utilisation d'une arme (de toute nature) a progressé de 22,5% entre 2022 et 2023.
"C'est un nouveau drame devant un établissement scolaire" qui "confirme qu'il y a sujet autour du traitement des rixes entre bandes et cela ne peut pas relever que de l'Ecole", a réagi auprès de l'AFP Sophie Venetitay, secrétaire générale du syndicat SNES-FSU.
Plusieurs mineurs ont été grièvement blessés ou tués lors de ces affrontements entre bandes rivales. Mi-octobre, Meissane, 16 ans, a été poignardé à mort à 900 mètres de son lycée à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Ce phénomène, a détaillé le parquet, fait l'objet d'une "attention resserrée de GLTD spécifiques (Groupements locaux de traitement de la délinquance), réunissant le parquet de Paris, la préfecture de police, la préfecture de région, la ville de Paris, l'Education nationale et la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)".
L'objectif est que "les signes précurseurs soient détectés au plus tôt, communiqués aux autres acteurs, et déclenchent des patrouilles préventives au plus près des lieux d'inquiétude", a précisé le parquet.
publié le 17 décembre à 17h24, AFP